11 août 2006
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Bloc-notes
Fumer tue (suite) : une loi trop bavarde
Selon une porte-parole de la Commission européenne, la mention "Fumeurs s'abstenir" n'est pas une discrimination à l'embauche. Motif : "fumeur" n'est pas dans la liste des bases de discrimination établie par la loi. Faut-il rendre la loi plus bavarde ?
La mention "Fumeurs s'abstenir" pourra peut-être bientôt figurer en clair sur une offre d'emploi sans que personne ne s'émeuve en criant à la discrimination. La porte-parole du commissaire européen à l'Emploi et aux Affaires sociales vient de préciser que cette distinction à l'embauche n'est pas couverte par la législation européenne en matière de discrimination. Celle-ci en effet énumère de façon explicite et close les bases de discrimination : origine raciale ou ethnique, handicap, âge, orientation sexuelle, religion, croyances.
On peut en conclure que d'autres interdictions professionnelles pourraient apparaître sur la base de ce qui n'est pas énuméré par la loi... (on songe bien sûr à "alcooliques s'abstenir", mais pourquoi pas "obèses s'abstenir", "diabétiques s'abstenir", "insomniaques s'abstenir", "lecteurs de Nietzsche s'abstenir"...?). Car il s'agit bien en l'occurrence d'un délit de comportement privé. Un fumeur est tenu comme tout le monde par une réglementation qui interdit expressément de fumer dans tel ou tel lieu, telles ou telles circonstances, telle ou telle période... que veut-on de plus ? Une normalisation ?
Tout cela part d'un excellent principe : "tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché", autrement dit le principe du silence de la loi dont Mezetulle a maintes fois fait l'éloge. Alors ? Faut-il pour cela allonger la liste des bases de discrimination et réviser le salutaire principe du silence de la loi en montrant sur cet exemple qu'il n'est pas si libérateur qu'on le dit et qu'il peut avoir des "effets pervers" ?
Nullement : la perversion vient non pas du silence de la loi comme principe de liberté, mais plutôt des bons sentiments qui l'ont rendue bien trop bavarde en établissant cette liste explicite des bases de discrimination, sans même la mettre à distance par un "notamment" et ouvrant ainsi la porte à la normalisation. Il eût peut-être été moins dangereux d'établir une différence générale entre "distinction" et "discrimination". Et puis au diable ce bavardage indiscret : c'est tellement plus simple de s'en tenir à l'article 1er de la Déclaration des droits de l'homme qui dans son laconisme affirme l'égalité des droits pour tous (ce silence comprend évidemment une infinité de personnes, fumeurs, homosexuels, croyants, athées, noirs, juifs, paraplégiques, diabétiques, vieux, amateurs de Cognac... et aussi ceux qui n'existent pas encore et à qui on n'a jamais pensé).
Ah oui, je vois où le bât blesse : selon cet article, même ceux qui sont riches, jeunes, intelligents, beaux et bien portants ont des droits égaux à ceux des autres .... mais où on va là ?
Lire l'article consacré à ce sujet sur le site de l'Observatoire du communautarisme.
Lire sur le Bloc-notes l'article de Marie Perret "Fumer tue, vivre tue aussi".
Sur le bloc-notes le 11 août 2006
Fumer tue (suite) : une loi trop bavarde
Selon une porte-parole de la Commission européenne, la mention "Fumeurs s'abstenir" n'est pas une discrimination à l'embauche. Motif : "fumeur" n'est pas dans la liste des bases de discrimination établie par la loi. Faut-il rendre la loi plus bavarde ?
La mention "Fumeurs s'abstenir" pourra peut-être bientôt figurer en clair sur une offre d'emploi sans que personne ne s'émeuve en criant à la discrimination. La porte-parole du commissaire européen à l'Emploi et aux Affaires sociales vient de préciser que cette distinction à l'embauche n'est pas couverte par la législation européenne en matière de discrimination. Celle-ci en effet énumère de façon explicite et close les bases de discrimination : origine raciale ou ethnique, handicap, âge, orientation sexuelle, religion, croyances.
On peut en conclure que d'autres interdictions professionnelles pourraient apparaître sur la base de ce qui n'est pas énuméré par la loi... (on songe bien sûr à "alcooliques s'abstenir", mais pourquoi pas "obèses s'abstenir", "diabétiques s'abstenir", "insomniaques s'abstenir", "lecteurs de Nietzsche s'abstenir"...?). Car il s'agit bien en l'occurrence d'un délit de comportement privé. Un fumeur est tenu comme tout le monde par une réglementation qui interdit expressément de fumer dans tel ou tel lieu, telles ou telles circonstances, telle ou telle période... que veut-on de plus ? Une normalisation ?
Tout cela part d'un excellent principe : "tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché", autrement dit le principe du silence de la loi dont Mezetulle a maintes fois fait l'éloge. Alors ? Faut-il pour cela allonger la liste des bases de discrimination et réviser le salutaire principe du silence de la loi en montrant sur cet exemple qu'il n'est pas si libérateur qu'on le dit et qu'il peut avoir des "effets pervers" ?
Nullement : la perversion vient non pas du silence de la loi comme principe de liberté, mais plutôt des bons sentiments qui l'ont rendue bien trop bavarde en établissant cette liste explicite des bases de discrimination, sans même la mettre à distance par un "notamment" et ouvrant ainsi la porte à la normalisation. Il eût peut-être été moins dangereux d'établir une différence générale entre "distinction" et "discrimination". Et puis au diable ce bavardage indiscret : c'est tellement plus simple de s'en tenir à l'article 1er de la Déclaration des droits de l'homme qui dans son laconisme affirme l'égalité des droits pour tous (ce silence comprend évidemment une infinité de personnes, fumeurs, homosexuels, croyants, athées, noirs, juifs, paraplégiques, diabétiques, vieux, amateurs de Cognac... et aussi ceux qui n'existent pas encore et à qui on n'a jamais pensé).
Ah oui, je vois où le bât blesse : selon cet article, même ceux qui sont riches, jeunes, intelligents, beaux et bien portants ont des droits égaux à ceux des autres .... mais où on va là ?
Lire l'article consacré à ce sujet sur le site de l'Observatoire du communautarisme.
Lire sur le Bloc-notes l'article de Marie Perret "Fumer tue, vivre tue aussi".
Sur le bloc-notes le 11 août 2006