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Jean Robelin « La gauche et l'éducation » : à lire !
Jean Robelin, professeur émérite à l'université de Nice, explose dans une sainte et roborative indignation au sujet de la politique scolaire qui déferle depuis plus de trente ans et à laquelle la gauche a mis plus que la main. Tous ceux qui, comme Mezetulle, dénoncent inlassablement cette politique depuis très longtemps, ont le sentiment de parler dans le désert (1). Et ça continue...
Dans un style simple, concret, animé d'un souffle puissant, l'auteur ne se contente pas de dresser un constat sévère, où droite et gauche en prennent pour leur grade, il propose aussi des mesures de bon sens qui ne coûteraient rien, le tout appuyé sur une réflexion politique de fond où l'école républicaine est rudement et heureusement rappelée à sa fonction.
Je me délecte à la lecture de cette prose roborative d'un collègue que j'ai parfois rencontré dans des réunions professionnelles, et avec lequel je partage bien des vues. Et dire que je découvre cette tribune, réquisitoire implacable contre un pédagogisme calamiteux et magnifique plaidoirie pour l'école républicaine, trois semaines après sa publication sur le site L'Humanité.fr !
Quelques extraits :
Comment a-t-on pu en arriver à former des enseignants fiers d'ignorer ? Ce n'est pas à eux que j'en veux : comment savoir l'importance de ce qu'on ne connaît pas ? C'est à une gauche qui a livré l'école à des gens mus par la haine du savoir, incarnée par les IUFM. [...]J'entends encore les imprécations des pédagogues officiels. Ramenons la question à des faits. A quoi servent les expériences pédagogiques officielles ? A justifier les assertions du ministre qui les a ordonnées. Autrement dit, le propre des prétendues sciences de l'éducation, c'est de ne pas être falsifiables. Une théorie qui ne sert qu'à justifier les demandes du pouvoir n'est qu'un conformisme intellectuel[...]Se mettre à la remorque des élèves, c'est les priver de tout accès à un savoir auquel ils ne viendront pas tout seuls, sauf si bien sûr, leur milieu social d'origine les y insère. C'est donc renforcer les inégalités, c'est priver les élèves des milieux défavorisés de ce à quoi ils ont droit. Les bonnes intentions démocratiques pavent le chemin de l'enfer inégalitaire.[...]Voulez-vous améliorer le fonctionnement de l'école, de la maternelle à l'université ? Commencez par « foutre la paix » aux enseignants. C'est à cette condition que vous pourrez en exiger beaucoup. Redonnez leur l'initiative et la responsabilité de leur métier. C'est à cette condition que vous pourrez aussi sanctionner utilement les carences et les manquements. Redéfinissons simplement les missions des enseignants : connaître pour éduquer, vous redonnerez légitimité et respectabilité à l'école. Bien sûr, c'est là un long chemin, car on ne forme pas des hommes en deux ou trois ans. C'est plus difficile que de prendre quelques mesures spectaculaires et électoralistes. Mais la France a désormais le dos au mur : perdre son seul atout économique véritable, c'est-à-dire la qualification et la compétence de ses travailleurs, ou bien en revenir au sérieux d'un vieux mot aujourd'hui lui aussi si décrié : l'instruction.
Lire la tribune de Jean Robelin La gauche et l'éducation sur L'Humanité.fr .
1 - Voir sur Mezetulle les très nombreux articles consacrés à l'école . On trouvera quelques repères bibliographiques (très incomplets) à la fin du texte L'école de la République : refondation ou réforme ?.
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