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Spinoza : un art d'écrire trompeur (sur le livre de J.-C. Milner)
Dans son récent livre, Le sage trompeur. Libres raisonnements sur Spinoza et les Juifs. Court traité de lecture I (Lagrasse : Verdier, 2013), Jean-Claude Milner se livre à une enquête minutieuse sur un texte de Spinoza fort connu, le paragraphe « Aujourd'hui les Juifs » figurant à la fin du chapitre 3 du Traité théologico-politique. A cet effet, il mobilise un art de lire répondant à un art d'écrire - il faut les tirer tous deux de l'oubli. A l'issue d'un parcours digne d'une Detective story, le lecteur découvre une lumière crue.
Si Spinoza en sort grandi comme écrivain, il n'en va pas de même pour l'icône philosophique, le révéré - mais prétendu - théoricien de la liberté politique devant lequel des générations de professeurs de philosophie ont cru bon de faire génuflexion.
Le résultat de l'enquête, pour aller vite, est que Spinoza envisage une politique d'apostasie générale des Juifs, une forme d'abolition auto-consentie qui a les propriétés d'un crime plus que parfait puisque sans effusion de sang. On finit par se demander avec l'auteur comment on a pu ainsi transformer ce doctrinaire de la persécution parfaite en héraut de la liberté de croyance. L'une des réponses à cette interrogation, peut-être la moins épineuse, est qu'un certain art d'écrire et avec lui le recours au savoir livresque ont été refoulés.
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