18 juin 2009
4
18
/06
/juin
/2009
16:49
Bloc-notes
La burqa au-delà du religieux: proposition de commission d'enquête parlementaire
Une soixantaine de députés proposent une « commission d'enquête sur la pratique du port de la burqa ou du niqab sur le territoire national » (1).
Les motifs s'appuient d'abord sur le principe de laïcité. Mais, conscients que ce dernier ne peut interdire le port de signes religieux que dans l'espace relevant de l'autorité publique et non dans l'espace civil accessible au public, les députés font justement remarquer que ces masques excèdent largement toute signification religieuse :
il ne s’agit plus seulement d’une manifestation religieuse ostentatoire mais d’une atteinte à la dignité de la femme et à l’affirmation de la féminité.
On pourrait certes ironiser sur l'argument d'une atteinte à « l'affirmation de la féminité » : en quoi le législateur, chargé des droits des personnes de tous sexes - droits parmi lesquels figure le droit d'opinion, est-il habilité à s'assurer que la féminité s'affirme ? et qu'y a-t-il de plus affirmatif de la féminité conçue comme une essence qu'un voile intégral ou qu'une burqa - tellement affirmatif qu'il s'agit de rayer toute personne du champ de vision civil au seul motif qu'elle est de sexe féminin et de la remplacer par une ombre, trou noir bien visible où vient s'abolir l'humanité ! Il est certain que pour les talibans La Femme existe !
Mais ne faisons pas la fine bouche en pinaillant de façon déplacée. Justement c'est cet effacement , ce déni, qui constitue le cœur du problème. Et l'analyse « au-delà du religieux » est à mon avis le bon angle d'attaque pour s'en saisir.
Car est au-delà du religieux le port délibéré (2) d'un masque intégral assorti du refus de s'en dessaisir. Il s'agit à la fois d'un déni d'identité, d'un déni de relation civile à autrui, d'un obstacle à la plupart des actes courants de la vie civile, d'un déni d'identification. Ajoutons que, non identifiable, le porteur (la porteuse) de masque s'efface de la vie civile dans laquelle il (elle) prétend pourtant circuler, et que la nature de cet effacement est aussi une menace pour la sécurité publique.
Il y a presque un an, je parlais ici même de la burqa comme d'« un hold-up permanent qui s'en prend violemment à la liberté des femmes ».
Lire l'article de juillet 2008 : La burqua, masque et prison, à la fois au-dessus et au-dessous de la loi.
NB [Edit du 22 06 2009] Et celui du 22 juin 2009 : Burqa et niqab au-delà du masque : une dépersonnalisation indifférenciée.
1 - Lire la proposition sur le site de l'Assemblée nationale.
2 - Que cette volonté soit celle de la personne ou celle d'autrui ne change rien à la question ; on n'est pas ici dans le cas d'une personne défigurée qui est obligée de porter un masque.
La burqa au-delà du religieux: proposition de commission d'enquête parlementaire
En ligne le 18 juin 2009
Une soixantaine de députés proposent une « commission d'enquête sur la pratique du port de la burqa ou du niqab sur le territoire national » (1).
Les motifs s'appuient d'abord sur le principe de laïcité. Mais, conscients que ce dernier ne peut interdire le port de signes religieux que dans l'espace relevant de l'autorité publique et non dans l'espace civil accessible au public, les députés font justement remarquer que ces masques excèdent largement toute signification religieuse :
il ne s’agit plus seulement d’une manifestation religieuse ostentatoire mais d’une atteinte à la dignité de la femme et à l’affirmation de la féminité.
On pourrait certes ironiser sur l'argument d'une atteinte à « l'affirmation de la féminité » : en quoi le législateur, chargé des droits des personnes de tous sexes - droits parmi lesquels figure le droit d'opinion, est-il habilité à s'assurer que la féminité s'affirme ? et qu'y a-t-il de plus affirmatif de la féminité conçue comme une essence qu'un voile intégral ou qu'une burqa - tellement affirmatif qu'il s'agit de rayer toute personne du champ de vision civil au seul motif qu'elle est de sexe féminin et de la remplacer par une ombre, trou noir bien visible où vient s'abolir l'humanité ! Il est certain que pour les talibans La Femme existe !
Mais ne faisons pas la fine bouche en pinaillant de façon déplacée. Justement c'est cet effacement , ce déni, qui constitue le cœur du problème. Et l'analyse « au-delà du religieux » est à mon avis le bon angle d'attaque pour s'en saisir.
Car est au-delà du religieux le port délibéré (2) d'un masque intégral assorti du refus de s'en dessaisir. Il s'agit à la fois d'un déni d'identité, d'un déni de relation civile à autrui, d'un obstacle à la plupart des actes courants de la vie civile, d'un déni d'identification. Ajoutons que, non identifiable, le porteur (la porteuse) de masque s'efface de la vie civile dans laquelle il (elle) prétend pourtant circuler, et que la nature de cet effacement est aussi une menace pour la sécurité publique.
Il y a presque un an, je parlais ici même de la burqa comme d'« un hold-up permanent qui s'en prend violemment à la liberté des femmes ».
Lire l'article de juillet 2008 : La burqua, masque et prison, à la fois au-dessus et au-dessous de la loi.
NB [Edit du 22 06 2009] Et celui du 22 juin 2009 : Burqa et niqab au-delà du masque : une dépersonnalisation indifférenciée.
1 - Lire la proposition sur le site de l'Assemblée nationale.
2 - Que cette volonté soit celle de la personne ou celle d'autrui ne change rien à la question ; on n'est pas ici dans le cas d'une personne défigurée qui est obligée de porter un masque.