27 juin 1970 6 27 /06 /juin /1970 15:10
La burqa, masque et prison:
à la fois au-dessus et au-dessous de la loi

par Catherine Kintzler
En ligne le 19 juillet 2008

Une récente décision officielle, confirmée par le Conseil d'Etat, a refusé la nationalité française à une Marocaine portant la tenue dite "islamique intégrale" prônée par certaines sectes intégristes - également appelée burqa - qui, masquant entièrement le corps et le visage, ne laisse entrevoir que les yeux.
Au-delà de la question de l'intégration, peut-on tolérer le port public d'un masque intégral inamovible ? Que doit faire un employé de banque devant un spectre noir non identifiable qui pénètre dans son agence ? Et ne serait-il pas imprudent, de la part d'un directeur de crèche, de confier un bébé à une personne masquée prétendant être sa mère ?


    Notons d'abord, dans l'affaire citée, que le refus de la nationalité repose sur des déclarations de la personne remettant explicitement en cause l'égalité entre hommes et femmes et non sur le port d'un vêtement : cette personne est à cet égard dans la même situation qu'un certain imam de Vénissieux, qui fut condamné pour la même raison.

    Mais venons-en au sujet, à cette fameuse burqa. J'ai amplement expliqué ma position sur le port du voile islamique dans ce blog (1). Cette position est une conséquence de la théorie de la laïcité que j'ai exposée dans le livre Qu'est-ce que la laïcité ? et repose sur la distinction entre trois espaces : l'espace relevant de l'autorité publique (constitution, déclaration, maintien et protection des droits), l'espace de la société civile et l'espace privé proprement dit. Voilà pourquoi j'ai toujours dit et écrit que le port du voile islamique doit être proscrit dans le premier espace (école obligatoire, bureaux de vote, fonction publique, etc.) et qu'il serait antilaïque de l'interdire - tant qu'il n'est lié à aucune déclaration contraire aux lois (notamment d'inégalité entre hommes et femmes) - dans les deux autres espaces. Cela ne veut pas dire que je suis favorable au port du voile, mais seulement que je ne vois aucun motif juridique pour l'interdire dans la société civile : il y a d'ailleurs, outre le port du voile, beaucoup de choses non interdites qui ne me plaisent pas et qui me choquent profondément... !
    Certains en ont  hâtivement conclu que ma position serait la même s'agissant de la burqa (ah! ces intellos, toujours prêts à se coucher, n'est-ce pas ?).

    Que non ! Je pense au contraire que cette fameuse "tenue intégrale" devrait être interdite dans l'espace civil, c'est-à-dire dans tous les lieux accessibles au public. Et cela pour une raison très simple : non seulement elle empêche l'identification physique de facto (en cela elle est comparable à un passe-montagne ou à un pansement couvrant le visage), mais elle est faite pour cela et portée à cet effet. C'est bien plus qu'un passe-montagne, qu'on enlève dès que la température le permet ou dès que quelqu'un veut voir votre visage : c'est un masque porté pour cacher le corps, la silhouette et le visage, un masque délibérément inamovible, un masque intégral fait pour se cacher tout le temps parce qu'on ne veut pas ou qu'on n'a pas le droit de se montrer. Se masquer ainsi, c'est affirmer une volonté  d'échapper à toute identification - que cette volonté soit celle de la personne ou celle d'autrui ne change rien à la question. C'est donc plus qu'une intention et plus qu'un recel occasionnel. La preuve ? Demandez donc à une personne portant burqa de se démasquer, histoire de voir sa tronche...
    Je dis "une personne" car, à bien y penser, rien n'indique son sexe : même Sébastien Chabal serait méconnaissable ainsi accoutré ! Vous allez me dire : mais justement c'est fait pour ça, pour qu'on ne voie rien du sexe. Je juge que c'est une femme parce qu'on m'a dit qu'une certaine coutume dans certaines sectes contraint les femmes à se cacher ainsi. Je fais l'hypothèse que c'est une femme un peu comme Descartes, regardant par sa fenêtre et ne voyant dans la rue "que des chapeaux et des manteaux", juge qu'il voit ses semblables (2) en vertu d'une "inspection de l'esprit", laquelle est ici instruite par une forme d'expérience. Dans le même passage, Descartes évoque une autre hypothèse digne d'un film d'épouvante : cela pourrait recouvrir des spectres. Descartes n'avait pas vu nos films d'horreur, mais, spectateur des tragédies sanglantes "tristes et lamentables" qui précédèrent la tragédie classique, il pensait peut-être à ce genre de scénario (3) ... Eh bien, justement, nous y sommes : en pleine scène lugubre peuplée d'épouvantails en forme d'oiseaux de malheur qui s'abattent sur la liberté des femmes en faisant peur à tous.

    Un directeur d'école maternelle peut-il, à l'heure de la sortie, confier un enfant à une personne entièrement masquée qui prétend être sa mère et qui refuse de se montrer ? Non : il aura raison de garder l'enfant et d'appeler la police pour tentative de rapt. Un employé de banque peut-il ouvrir la porte de son agence à un individu masqué, portant par exemple une cagoule, ou un casque et de larges lunettes noires ? Non : si une personne en burqa parvenait à pénétrer dans la banque, il aurait raison de donner l'alarme. De même pour un commerçant : sa méfiance et sa peur seraient légitimes.
    Toute personne portant la burqa est dans la situation d'un malfaiteur s'apprêtant à commettre un hold-up, le visage couvert d'une cagoule. La différence à l'égard de ce masque est que le malfaiteur s'en débarrasse ensuite : il désire rentrer dans l'ordinaire de la société pour jouir de son forfait. La burqa ne sert pas à couvrir un forfait (4), elle est en elle-même un malfait autrement large : elle fait mal et peur à ceux qui la voient, elle fait mal à celle qui la porte. Où l'on retrouve, objectivement, la thèse de l'intégrisme islamiste pour lequel le corps de la femme est un mal absolu, une honte. La burqa fait honte à celle qui la porte, elle fait honte à ceux qui la tolèrent. C'est un hold-up permanent qui s'en prend violemment à la liberté des femmes.

    Fadela Amara a déclaré que la burqa est une prison. Et cela est déductible de ce que je viens de dire. Indépendamment de toute interprétation idéologique, c'est une prison d'abord parce que c'est un masque : celui qui refuse l'identification se soustrait aux lois ordinaires et se trouve donc en situation de réclusion. La personne portant burqa est chargée d'une carapace impénétrable qui la rend intouchable, à la fois au-dessus et au-dessous des lois. Prétendant se "protéger" puisqu'elle promène les murs de sa maison - maison dont elle ne peut jamais sortir - autour d'elle, elle est en même temps inaccessible et exclue. Son existence civile est suspendue : autant rester enfermée sans espoir de sortir jamais... Rester indéfiniment à l'intérieur de murs - fussent-ils en toile - dont on ne peut pas sortir, cela s'appelle de la réclusion. Et quand la réclusion n'est pas prononcée par la loi, quand elle se fonde sur l'être (ici : être de sexe féminin) et non sur les actes criminels d'une personne, régulièrement jugés et condamnés en vertu d'une loi préalable, elle est arbitraire et illégitime : interdire la burqa serait donc un acte de libération.


© Catherine Kintzler,  2008

1 - Voir notamment l'article La laïcité face au communautarisme et à l'ultra-laïcisme et les nombreux commentaires qui le suivent.
2 - Descartes, Méditations métaphysiques (méditation seconde).
3 - Tragédies sanglantes de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle (Poullet, Heudon, Virey du Gravier, Laudun d'Aygaliers, Durval, Billard de Courgenay). On en voit la réminiscence par exemple dans quelques scènes de L'Illusion comique de Corneille de 1636 (voir l'
article sur L'Illusion comique sur ce blog).
4 - Du moins et à ma connaissance n'a-t-on pas d'exemple de cet usage en France. Mais rien n'empêche qu'elle puisse aussi servir à cela, car elle offre bien des avantages en rendant la personne à la fois méconnaissable et "intouchable".

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commentaires

J
Madame, j'ai lu votre article et il a retenu toute mon attention. Laïc dans l'ame, républicain de fond, humaniste et grand amoureux des femmes, j'arrêterai là l'usage des mots et je vous demande d'aller voir sur mon site http://www.jihelge.fr dans la rubrique galeries/femmes je vous aime/. Il y  a un commentaire avec mes toiles. merci de votre réponse.
M
<br /> Merci pour ce lien.<br /> <br /> <br />
A
BonjourLa logique de votre texte (et de l'interdiction qu'il propose) n'est cohérente qu'en apparence. Elle se résume ainsi :1. La burqua est une reclusion, peu importe qu'elle soit voulue ou pas.2. L'interdiction est donc une libération.Or, supposons qu'une citoyenne, peu importe ici sa confession ou sa philosophie, décide de ne plus jamais mettre les pieds dehors, qu'elle s'enferme chez-elle, avec la complicité d'un époux (pas nécessairement de sexe masulin; notre citoyenne est lésbienne). Dans ce cas, la professeure Kintzler irait-elle jusqu'à exiger une loi "libératrice" obligeant la citoyenne en question de sortir de sa maison ?Qu'il y ait une loi obligeant la femme en burqua à se dévoiler chaque fois que la relation dans l'espace publique ET l'espace civil l'exige, j'en convients, non parce que la loi serait un acte de libération, mais bien plus modestement parce qu'il est raisonnable, pour le banquier ou le responsable d'une garderie, de vouloir connaître avec qui on fait affaire. Mais de là à prétendre que cela serait libérateur et que cela nécessite un interdit, votre texte échoue à le démontrer.Aziz  
C
<br /> La logique de mon texte repose sur la question de l'identification, celle de la libération n'apparaît qu'à la fin, et de façon annexe.<br /> <br /> J'ai déjà répondu à la question de la réclusion volontaire, qui peut parfaitement être un choix : voyez la réponse au commentaire précédent (n° 2) sur la comparaison (impertinente à mon avis) avec<br /> les religieux cloîtrés.<br /> <br /> La réclusion volontaire suppose toujours bien entendu qu'on puisse en sortir à tout moment, sans avoir à donner de motif : c'est le cas des religieux cloîtrés. De plus elle n'est pas coïncidente<br /> avec un refus d'identification. Le cas de réclusion que vous imaginez - à supposer que ce ne soit pas une séquestration ce qui est interdit par la loi - est comparable à celui du religieux retiré<br /> dans son cloître.<br /> Ces personnes sont libres (libres aussi de sortir de leur réclusion à leur gré), on n'a donc pas à les libérer. D'autre part leur réclusion ne prend pas la forme d'une dissimulation d'identité et<br /> ne suspend pas leur existence civile par cette dissimulation : elles ne se refusent pas à l'identification si on la leur demande - lorsqu'il leur arrive de sortir de leur retraite par exemple pour<br /> une cérémonie, pour un événement familial, pour un acte officiel comme une vente chez un notaire, ou une démarche administrative, elles ne se masquent pas. C'est pourquoi j'ai pris soin de bien<br /> souligner le cas très particulier de la burqa, en soulevant de façon annexe à la fin du texte la question de la possibilité d'en sortir volontairement, mais surtout en soulevant essentiellement la<br /> question de la forme de cette réclusion qui consiste à se dérober à toute identification. La dissimulation de l'identité est une restriction de liberté car elle revient à suspendre une partie de<br /> l'existence civile de la personne.<br /> <br /> <br />
L
Bonjour Catherine,Quelques remarques à propos de cette affaire et de votre article en ligne. a) Je doute que la croyance en l'égalité soit un critère d'admissibilité à la nationalité française, et ce pour plusieurs raisons. S'il est vrai que la devise républicaine, celle de la république française, comprend le mot "égalité", il existe bien des manières d'envisager l'égalité: égalité formelle, égalité des chances, égalité des conditions, égale dignité des êtres humains, etc. La notion d'égalité des sexes n'a été que tardivement admise par les républicains eux-mêmes. Pendant longtemps, sous la Troisième république, la femme était considérée comme un être humain à part entière mais confiné en raison, de ses dispositions essentielles, dans un rôle moral et domestique. Une vision sociale, morale et éducative que partageaient Madame Fouillée, dite G. Bruno, Jules Ferry et bien d'autres républicains de premier plan, d'où l'acquisition si tardive du droit de vote féminin. Les temps ont changé, mais la notion de nationalité française ne saurait être remise en question par les changements de moeurs, et je pense que vous en conviendrez du fait même de votre philosophie qui distingue si kantiennement le droit et le fait. Je veux dire par là que l'affaire des moeurs ne concerne que de loin le problème formel de la nationalité française qui est en question actuellement. Quant à la croyance elle-même, elle est hors de cause, car elle est d'ordre privé. Une femme musulmane peut mentir, éventuellement, pour obtenir la nationalité française, elle peut masquer ses véritables convictions et intentions. Reprochera-t-on aux autres d'être au contraire  sincères? Et que fera-t-on des Français d'origine qui ne croient pas en l'égalité? Il paraît évident que c'est le respect effectif de la légalité qui peut servi de critère, face aux demandes, et non la croyance en l'égalité. b) D'où le second problème: Y a-t-il manquement à la loi lorsque quelqu'un choisit la réclusion? La réclusion volontaire existe. Catherine Kintzler parle de "libération", mais doit-on libérer de force les moines chartreux? Il me semble que nous avons affaire au domaine des choix personnels. Or je note dans le texte de Catherine Kintzler deux angles d'approche: le légal et le moral. Se voiler entièrement, c'est se soustraire au regard, à la reconnaissance et à l'identification: on peut ainsi contrevenir à des obligations civiques, c'est très juste; mais ce n'est pas toujours le cas sauf dans un régime de surveillance panoptique (je pense aux magasins, rues, postes... contrôlés par caméras). Il y a d'autre part, la dimension morale: on ne saurait choisir l'enfermement, mais il me semble qu'ici, le politique et la morale doivent être bien distingués et que c'est tout le charme, si j'ose dire, de l'affaire de la burqa. Il me semble que le préfet n'est pas là pour juger moralement les comportements des candidats à la nationalité: est-il d'ailleurs formé à cela et compétent dans le domaine moral? Il y a là une confusion fâcheuse, dont les dérives sont facilemement envisageables: la décision prise pour une femme en burqa pourra être étendue à certaines femmes voilées, pour des raisons analogues, puis à d'autres cas, pour des raisons plus ou moins théologiques ou qui relèvent de l'inteprétation. Et l'on voit bien qu'il n'y a pas de seuil clairement défini. c) Afin d'empêcher une telle confusion des genres, et les illusions du discontinu, je ne vois qu'une solution, c'est ce que je suis tenté d'appeler le "nationisme", qu'on pourrait distinguer du "nationalisme". L'appartenance à la nation enveloppe en effet des critères qui dépassent le cadre "formel" du républicanisme (avec ses principes connus: les droits de l'homme, pour simplifier), elle renvoie à des traditions, à une communauté de moeurs, à des comportements et des habitudes. C'est parce qu'on a peu à peu assimilé identité nationale et républicanisme, fusionnés dans "nationalité française", que cette distinction "philosophique" s'est brouillée dans l'opinion. Et bien des "républicains" ont contribué à cet obscurcissement par une conception ultra-formelle de la citoyenneté "française", alors que seule la citoyenneté (en général) est formelle (une problème "de droit"). Concrètement, les choix politiquement assumés ne peuvent, dans cette perspective, être traités qu'au niveau des politiques d'immigration: ce n'est pas au niveau des demandes de citoyenneté française qu'il faut s'intéresser à la burqa, car c'est à la fois trop tard et inopportun pour toutes les raisons que j'ai essayé d'exposer, mais au niveau antérieur de l'entrée sur le territoire, donc en amont. Ainsi pourrait-on trancher, en outre, la question que je pose plus haut et qui reste aporétique dans le texte de Catherine Kintzler, à savoir le traitement "politique" de la réclusion volontaire, puisque la différence, parmi les reclus, entre ceux qui sont déjà là et les candidats, aurait cette fois un statut clair, indépendamment de toute appréciation morale, laquelle reste l'affaire de chacun et ne concerne pas directement l'Etat, ni ses représentants qualifiés.Bien respectueusement.L. Fedi
C
<br /> Bonjour Laurent,<br /> Merci pour votre commentaire et ces réflexions très pertinentes.<br /> <br /> C'est précisément pour les raisons que vous soulevez que je suis toujours restée sur le plan de la forme.<br /> Sur le point a).<br /> Il semble effectivement que le refus de nationalité s'est fondé sur des déclarations au sujet de l'égalité homme-femme. J'ai simplement fait le parallèle avec l'affaire de l'imam de Vénissieux: de<br /> telles déclarations sont condamnables par la loi, c'est tout, il ne s'agit nullement de croire à des "valeurs", mais de ne pas faire des déclarations qui tombent sous le coup de la<br /> loi.<br /> Cette personne pouvait mentir : que ne l'a-t-elle fait ?... on n'a pas à sonder les reins et les coeurs ! C'est l'argument que certains de mes amis "ultra-laïques" ne veulent pas entendre au sujet<br /> du port du voile dans la société civile. Ils n'arrivent pas à admettre que tant que ce port n'est pas associé à des déclarations explicites de ce type, on ne peut pas s'en plaindre, il reste un<br /> simple signe religieux et ce n'est pas un délit de le porter dans la société civile (alors que en tant que signe religieux il doit être prohibé dans l'espace relevant de l'autorité publique). Et<br /> les "voilées militantes" sont parfaitement briefées : elles ne diront jamais que les femmes sont inférieures aux hommes, etc. même si elles le pensent. L'article que j'ai écrit à ce sujet La laïcité face au communautarisme et à l'ultra-laicisme est parfaitement clair et vous pourrez lire mes réponses aux<br /> commentaires : je n'accepterai pas une loi inquisitoriale qui supposerait un délit à partir d'un signe équivoque, tout délit doit être constitué..<br /> <br /> Sur le point b).<br /> Je n'ai pas dit que la réclusion volontaire est un délit : elle peut être un choix. J'ai dit qu'elle pose problème lorsqu'elle se manifeste par la suspension permanente de l'existence civile,<br /> lorsqu'elle place quelqu'un au-dessus ou/et au-dessous des lois - ce qui n'est pas le cas du moine, ni celui d'un prisonnier de très longue durée.<br /> Un moine ne se refusera jamais à l'identification physique dans les actes de la vie civile : ce consentement est en outre une preuve que sa réclusion est volontaire et morale, car elle ne le<br /> soustrait pas à la loi. Il n'a donc pas à être libéré... son existence civile n'est pas abolie par sa réclusion, il ne se place ni au-dessus ni au-dessous de la loi du fait de sa réclusion.<br /> Le cas de la burqa est très différent, du fait qu'elle couvre entièrement le visage et tout ce qui, dans l'apparence du corps, permet l'identification physique.<br /> Je pose dans cet article clairement une question et une seule : le port permanent d'un masque, assorti du refus de s'en défaire dans les actes de la vie civile, est-il admissible? Il me semble que<br /> c'est la porte ouverte à toutes les possibilités d'usurpation d'identité, et un boulevard ouvert devant les malfaiteurs. On a vu, durant les émeutes de 2005, des jeunes gens entièrement masqués se<br /> livrer à des délits et même à des crimes (brûler un autobus avec des gens dedans). Ce genre de chose peut devenir courant si on tolère le masquage volontaire, permanent et obstiné, pratiqué à des<br /> fins délibérées de se dérober à l'identification, des personnes dans les lieux publics. Or c'est évidemment le cas de la burqua : c'est un masque porté délibérément et constamment et il a pour<br /> effet de permettre à la personne qui le port d'échapper à l'identification physique...<br /> Je me permets de reprendre l'exemple que j'ai donné dans l'article : à la sortie d'une école, peut-on confier un enfant à une personne entièrement masquée qui par principe ne veut pas ôter son<br /> masque ?<br /> Je plaide donc, non pas pour l'interdiction de la burqa en particulier, mais pour l'interdiction générale du port permanent et délibéré d'un masque permettant à la personne qui le porte de se<br /> soustraire volontairement et constamment à l'identification physique nécessaire aux actes de la vie civile. Je dis volontairement non pas pour stigmatiser la réclusion volontaire, mais parce que je<br /> pense aux personnes qui à la suite d'un accident sont obligées de porter un bandage ou même un masque parce qu'elles ont été défigurées : elles n'ont pas le choix et donc on ne peut les accuser de<br /> vouloir se masquer.<br /> Donc on est très loin d'une demande de "moralisation" de la loi de ma part !<br /> <br /> <br />
C
Bonjour,Merci pour cet article éclairant.J'aimerais simplement relater deux petites anecdotes : 1/ Chaque année je passe mes vacances à Freiburg où je fais aussi mes recherches et chaque année un couple séjourne dans le même hôtel que le mien. Francophones, ils sont aussi musulmans. Un jour je les ai croisés dans le petit supermarché du coin : Madame devant recouverte d'une burka qui laisser néanmoins échapper un vocabulaire composé de noms d'oiseaux, en direction de Monsieur et que seul un pratiquant de Français niveau 3 aurait pu comprendre ! Madame sortait, sinon de ses murs, du moins de ses gonds et sans scrupules !2/ Je me souviens d'un devoir en classe que je donnais à mes étudiants. Une maman portant le voile, très digne et très intelligente était assise à côté d'une rangée d'étudiantes qui elles, loin de se vêtir au-delà d'une certaine norme laissait sortir de leur pantalon des strings multicolores : le spectacle en valait le détour ! Je vous avoue qu'à ce moment là j'ai préféré et de loin le vêtement choisi par la maman voilée à celui choisi par les autres étudiantes. Lesquelles de ces personnes étaient donc les plus libres ? La femme voilée ou les étudiantes  pratiquant l'exhibition ?Y-a-t-il donc une seule règle pour toutes ?
M
<br /> Bonjour Cathy, merci pour vos commentaires qui me donnent l'occasion de préciser quelques points.<br /> <br /> 1) Je ne vois pas ce que cette anecdote change à mon raisonnement: la réclusion ambulante n'empêche pas la grossièreté... je dirais même que c'est peut-être une façon de ruer dans les brancards !<br /> Je crois que si on me faisait porter la burqa, je deviendrais très très grossière et j'essaierais toutes les formes de violence à ma portée !!! En tout état de cause, j'ai raisonné ici en termes de<br /> sécurité et j'ai posé la question de l'identification physique des personnes.<br /> <br /> 2) Le port du voile et l'exhibition vulgaire d'un bout de string ne me plaisent ni l'un ni l'autre, pour des raisons opposées. Je ne vois néanmoins aucun motif juridique pour les interdire... je<br /> crois que vous ne m'avez pas lue de près ; je vous renvoie à l'article que j'ai cité La laïcité face au communautarisme et à<br /> l'ultra-laïcisme.<br /> En revanche, j'ai avancé des motifs de sécurité (identification impossible, et même refus d'identification) en ce qui concerne le port de la "burqa". On peut dévisager quelqu'un qui porte un voile,<br /> on peut identifier une religieuse voilée, cela est impossible pour quelqu'un qui porte une burqa.<br /> Cela me permet une réponse ironique à votre question. Dans le cas que vous évoquez, la personne la plus libre des deux c'est celle qui se masque : en effet, elle est libre de commettre toutes<br /> sortes de délits sans être reconnue, c'est un gros avantage. C'est la liberté du renard dans le poulailler, celle du malfrat, du petit délinquant cagoulé qui lance des pierres, c'est aussi celle<br /> des membres du Ku-Klux-Klan... J'ai posé la question de l'universalitation de cette liberté de se soustraire de façon permanente à l'identificatioin : peut-on accorder à tous le droit de se<br /> masquer?<br /> <br /> Mais je vous soumets un autre cas : en d'autres lieux, celle qui porte le string aurait déjà été lapidée ou égorgée, sous le regard bienveillant de l'autre qui aura peut-être la magnanimité de<br /> prier pour toutes ces p...<br /> Car l'insulte à toutes les femmes est patente : on me signifie clairement que, accoutrée comme je suis le visage à l'air, je ne suis qu'une p..., je suis une provocatrice. Alors s'il m'arrive<br /> quelque chose, je l'aurai bien cherché, n'est-ce pas ? Voilà en quoi la liberté et l'égalité sont menacées.<br /> Je crois que vous vivez très très loin de la réalité de certains "quartiers" où la pression est énorme sur les filles qui veulent, non pas se balader en string, mais s'habiller selon leur goût sans<br /> être menacées dans leur intégrité physique par les "grands frères".<br /> <br /> <br />

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