25 décembre 2009
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Bloc-notes
Méditation boréale de solstice sur les climats
Noël n'est pas initialement une fête chrétienne. C'est la célébration du solstice d'hiver - moment où dans l'hémisphère boréal la durée de l'ensoleillement quotidien se fige pendant quelques jours à sa durée minimale. Ceci est dû à l'inclinaison de la Terre sur le plan de l'écliptique, laquelle est aussi à l'origine de l'existence des climats. Voilà qui nous conduit à un sujet très « tendance ».
Un célèbre texte de Rousseau mérite à ce sujet d'être relu et médité. Sous la forme d'un récit philosophique qui rappelle la contingence de la position terrestre, il fait l'hypothèse que l'existence des climats (et sans doute l'hypothèse vaut-elle aussi pour leurs variations), à la fois facteur de destruction et de civilisation, d'inimitié et de fraternité, révèle l'humanité à elle-même dans toute son ambivalence.
Celui qui voulut que l'homme fût sociable toucha du doigt l'axe du globe et l'inclina sur l'axe de l'univers. A ce léger mouvement, je vois changer la face de la terre et décider la vocation du genre humain : j'entends au loin les cris de joie d'une multitude insensée ; je vois édifier les palais et les villes ; je vois naître les arts, les lois, le commerce ; je vois les peuples se former, s'étendre, se dissoudre, se succéder comme les flots de la mer ; je vois les hommes, rassemblés sur quelques points de leur demeure pour s'y dévorer mutuellement, faire un affreux désert du reste du monde, digne monument de l'union sociale et de l'utilité des arts.
Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues, chap. IX
Méditation boréale de solstice sur les climats
En ligne le 25 déc. 2009
Noël n'est pas initialement une fête chrétienne. C'est la célébration du solstice d'hiver - moment où dans l'hémisphère boréal la durée de l'ensoleillement quotidien se fige pendant quelques jours à sa durée minimale. Ceci est dû à l'inclinaison de la Terre sur le plan de l'écliptique, laquelle est aussi à l'origine de l'existence des climats. Voilà qui nous conduit à un sujet très « tendance ».
Un célèbre texte de Rousseau mérite à ce sujet d'être relu et médité. Sous la forme d'un récit philosophique qui rappelle la contingence de la position terrestre, il fait l'hypothèse que l'existence des climats (et sans doute l'hypothèse vaut-elle aussi pour leurs variations), à la fois facteur de destruction et de civilisation, d'inimitié et de fraternité, révèle l'humanité à elle-même dans toute son ambivalence.
Celui qui voulut que l'homme fût sociable toucha du doigt l'axe du globe et l'inclina sur l'axe de l'univers. A ce léger mouvement, je vois changer la face de la terre et décider la vocation du genre humain : j'entends au loin les cris de joie d'une multitude insensée ; je vois édifier les palais et les villes ; je vois naître les arts, les lois, le commerce ; je vois les peuples se former, s'étendre, se dissoudre, se succéder comme les flots de la mer ; je vois les hommes, rassemblés sur quelques points de leur demeure pour s'y dévorer mutuellement, faire un affreux désert du reste du monde, digne monument de l'union sociale et de l'utilité des arts.
Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l'origine des langues, chap. IX