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Le désespoir des professeurs : à la suite du suicide de Béziers, un texte de M.-C. Perrin-Faivre
A la suite du suicide du professeur de mathématiques Mme Lise B. dans la cour d'un lycée de Béziers le 13 octobre dernier, Mezetulle a reçu un texte magnifique et bouleversant, signé Marie-Claude Perrin-Faivre. Ce texte, que je publie ici (et que l'on trouve également sur le forum neoprofs), est plus qu'un témoignage. C'est plus qu'une lettre : c'est une réflexion en forme de prosopopée sur une parole de Lise B. dont il ne prétend nullement délivrer un message post-mortem, mais qu'il élève à sa dimension tragique.
Ce n'est pas en effet simplement Lise B. que le texte fait parler, c'est, à travers sa transfiguration par l'écrit, la voix de milliers de professeurs, leur hurlement qu'il fait entendre. Sa forme littéraire lui permet non seulement d'échapper à tout soupçon de « récupération » mais elle dit bien plus fort que ne le ferait un cas particulier de désespoir, précisément parce qu'elle s'inscrit dans l'ordre de la littérature, toute la désespérance d'une mission méprisée et la douleur devant un déni de civilisation.
En voici le début :
« Je le fais pour vous… » … a dit notre collègue, Lise B. professeur de Béziers, qui, en proie à un désespoir absolu, s’est immolée dans la cour de son lycée.Qui, « vous » ?Vous, chers élèves, dont je ne cherche pas à me faire aimer avant toute chose, car je veux rester sourde à la cote d’amour censée mesurer ma valeur au sein de la « communauté éducative ». Vous ne serez jamais, pour moi, « les gamins » dont il est question dans les salles des « profs », car je ne serai jamais ni votre mère, ni votre copine.Mais savez-vous encore la différence entre un professeur, une mère et une copine ? Ce n’est pas un père trop souvent absent, irresponsable ou immature lui-même, très souvent votre meilleur copain, qui vous l’apprendra !Oui, je continuerai à réclamer le silence en début de cours ....
Lire l'intégralité du texte sur ce blog.
Ce texte, en fait, mériterait d'être une fiction, au sens où la fiction littéraire est plus vraie que le réel. Mais la réalité de ce qu'il dénonce est cependant attestée, et pour ceux qui douteraient encore que les professeurs sont au bord de l'explosion, non pas parce qu'ils voudraient préserver je ne sais quels "acquis", mais parce qu'ils désespèrent du fondement même de la civilisation, lequel repose sur la transmission émancipatrice, je les invite à lire, en appoint, l'article de Lucie Delaporte publié par Mediapart et repris sur le site Sauvons l'université.
A lire aussi :
sur Rue89.com J'écris pour les profs qui pètent les plombs
et ce poème sur neoprofs.com A Lise
NB. Les commentaires de ce billet d'annonce sont fermés, merci aux lecteurs de poster leurs commentaires sur la version intégrale de l'article.