Bloc-notes actualité
Benoist Apparu et le financement des cultes
Le secrétaire d'Etat (?) au logement Benoist Apparu a trouvé jeudi 17 février une belle occasion pour faire parler de lui. Sur BFM, il s'est déclaré favorable au financement public pour la construction de mosquées, tout en balayant d'un revers de main la loi de 1905 (1).
Mais on aurait tort de croire que les propos tenus par B. Apparu sont irréalistes. Comme on va le voir, ils sont avancés avec un grand sens de la gestion publique et de bonnes références politiques.
A ceux qui se demandent comment l'Etat pourrait faire face à une telle dépense, on rappellera que Benoist Apparu fut naguère le rapporteur d'un texte très intelligent en faveur (notamment) de la marchandisation de l'éducation - benoîtement désignée en bonne littérature technocratique par une magnifique formule ambivalente : « l'économie en connaissances » (2). Donc pas de problème budgétaire : l'argent récupéré sur l'Education nationale pourrait être redéployé dans la construction de nouveaux édifices religieux ?
Tss tss, Mezetulle a mauvais esprit et fait des rapprochements tirés par les cheveux.
La loi de 1905 ferait obstacle ? Pas du tout ! M. Apparu précise que « même si c'est contraire à la loi de 1905, on pourra faire un aménagement ». Il a raison : voyez Jack Lang et la construction de la cathédrale d'Evry, et plus récemment les propositions de Manuel Valls pour « faire évoluer la loi de 1905 afin de permettre la construction des lieux de culte à travers un financement transparent, et par conséquent public ». Ou encore plus récemment une géniale proposition de la mission dite « Gérin » sur le port du voile intégral. On en oublierait presque le rapport Machelon.
Que d'idées originales (3) !
- Voir l'article du monde.fr où l'on apprend avec un certain soulagement qu'il s'est fait remonter les bretelles par François Baroin.
- Voir l'article de Marie Perret et Romain Couderc sur ce rapport.
- Je viens d'entendre B. Apparu ce soir (18 février) sur la chaîne parlementaire expliquer avec beaucoup de fougue que si on ne veut pas de prières dans la rue ni "dans les caves", il faudra bien trouver une solution pour construire des mosquées, concluez vous-même : le financement public serait donc nécessaire, il faut savoir ce qu'on veut, n'est-ce pas ? Cela aussi c'est une idée très originale et très intelligente, un argument imparable. Comme si une association cultuelle, pour s'étendre, n'avait que le recours du financement public. Je n'ai pas eu la patience de regarder l'interview juqu'au bout pour savoir si B. Apparu a donné la grosse artillerie fort répandue ces derniers temps : un financement public serait un moyen de contrôle, comme si un Etat devait payer pour contrôler. Ni s'il a régalé les téléspectateurs avec la cerise sur le gâteau tout aussi commune : si on ne fait rien il y aura financement depuis l'étranger, comme si un cadeau pouvait en empêcher un autre. Sur le financement des associations cultuelles et la distinction entre le cultuel et le culturel, voir l'article Les religions sont-elles d'intérêt public ? sur ce blog.