Bloc-notes actualité
Y a-t-il un « droit au blasphème » ?
Un communiqué de l'Observatoire chrétien de la laïcité
On entend parfois, notamment aujourd'hui au sujet du soutien à apporter à Charlie Hebdo et au Théâtre de la Ville, avancer la notion de « droit au blasphème ». En réalité, ceux qui avancent cette idée veulent probablement dire que, dans un pays laïque, la critique et la raillerie peuvent se déployer dans les limites fixées par la loi et quels qu'en soient les objets.
Mais l'expression « droit au blasphème » ne semble guère opportune. D''abord parce qu'elle reprend à son compte l'idée même de blasphème - notion ignorée par la loi, laquelle ne sanctionne que des délits définis en dehors de toute référence religieuse (injures, diffamation, propagation de fausses nouvelles, etc.). Ensuite parce qu'elle introduit subrepticement l'idée qu'on pourrait revendiquer spécifiquement un tel « droit au blasphème ». Or on ne peut que revendiquer la liberté d'expression, laquelle s'exerce sans autorisation, sans avoir à se référer à un droit explicite précis, dans le silence de la loi, et n'est encadrée explicitement que par des interdits - tout ce qui n'est pas expressément interdit par la loi ne peut être empêché et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
Il vaudrait mieux abandonner cette expression « droit au blasphème » et laisser ce vocabulaire aux religions et à leurs adeptes : eux seuls seraient habilités à revendiquer comme croyants un « droit au blasphème ». Il serait en outre dangereux d'accréditer l'idée selon laquelle la liberté d'expression se définirait par des occurrences explicites. Le principe de la liberté est qu'elle ne se définit juridiquement que par ses limites. Ainsi l'interdit est plus libérateur qu'une longue liste de permissions.
Pour toutes ces raisons, Mezetulle applaudit au communiqué de presse diffusé par l'Observatoire chrétien de la laïcité le 4 novembre 2011, qui rappelle opportunément ces principes : il n'y a pas de « droit au blasphème » tout simplement parce que le blasphème n'est pas un délit et qu'il ne peut être interdit !
Lire et signer la pétition du Comité de soutien Romeo Castellucci sur le site du Théâtre de la Ville