Bloc-notes nouveauté sur Mezetulle
Pourquoi tirer sur les classes prépas ? Parce que ça marche !
La tentative avortée de Vincent Peillon de modifier le « service » des professeurs enseignant en classes préparatoires aux Grandes écoles, au-delà des flots d'anti-intellectualisme populiste qu'elle déverse, mérite quelque réflexion et quelques explications.
Explications sur les aspects concrets et techniques, largement méconnus ou même volontairement déformés par la presse qui, à quelques exceptions près, s'en donne à cœur joie pour frapper une profession y compris en l'insultant.... Qu'est-ce que le « service » d'un professeur, comment est-il défini ? Les professeurs de prépa sont-ils mieux payés que les autres? Sont-ils si unis qu'on le dit ? A-t-on affaire, dans ces classes, à une sélection sociale ?
Explications inséparables d'une réflexion sur ce qui se fait dans de telles classes, sur le contenu même de l'enseignement, ses modalités, ses exigences, ce qui le rapproche et/ou l'éloigne d'un enseignement universitaire proprement dit. Sans oublier l'indéniable succès de cet enseignement, lequel voudrait qu'on l'érige en modèle au lieu de s'appliquer à le dénigrer et à le rendre impossible.
Ce qui, tout naturellement, amène une question politique : pourquoi s'acharner, dans l'école, sur ce qui marche ?
Mezetulle propose un dossier abordant toutes ces questions, entre autres. Il comprend trois articles :
- Edith Fuchs Le plus vieux « métier » du monde : dénigrer les professeurs
Le procès de Socrate et sa condamnation à mort furent le succès des parents d’élèves. Le philosophe fut accusé de corrompre la jeunesse. C’est qu’il pratiquait et exerçait la jeunesse « dorée » ou pas, à pratiquer le « libre examen » de tout, sans exception : des gouvernants, de la religion, de la famille et ainsi de tout le reste .Qui désormais, comme toujours, corrompt la jeunesse ? Ceux qui avaient imaginé que les professeurs soient de vraies autorités intellectuelles et morales, et qu’à ce titre ils disposent d’un temps suffisant pour poursuivre leurs travaux en dehors des tâches requises par leurs classes - ce qui est la seule façon de nourrir un enseignement vivant ? ou bien ceux qui, assignant à l’école essentiellement la préparation à un métier, ne chantent que la chanson de la « professionalisation » - celle des élèves dès leur plus jeune âge, celle des professeurs bien évidemment ?
- Jean-Michel Muglioni « Qui veut noyer son chien ». A propos des classes préparatoires aux Grandes écoles
Les classes préparatoires aux grandes écoles ont été créées pour préparer aux concours par lesquels la République française au moment de la Révolution prit la décision de recruter ses fonctionnaires, ingénieurs, professeurs, officiers, avec pour seul critère la compétence. C’est ce qu’on appelle parfois l’élitisme républicain. Ce principe en un sens inégalitaire, peut seul garantir l’égalité républicaine. Ces classes sont aujourd’hui parmi les rares lieux où l’institution scolaire ne sous-estime pas les capacités des hommes. Que de fait réussissent aujourd’hui à ces concours des candidats dont les parents sont professeurs, c’est la preuve que l’école publique ne donne pas à tous la possibilité de faire de vraies études et que finalement les professeurs n’ont plus le droit d’enseigner qu’à leurs propres enfants. Mais le jour où ces classes disparaîtront, le recrutement sera encore plus social ; seuls les enfants sauvés du désastre scolaire ambiant par le préceptorat familial s’en tireront.
- Jean-Michel Muglioni Qu'est-ce qu’un « service » de professeur et à quoi « sert »-il ?
La tentative de Vincent Peillon de changer les services des professeurs de classe préparatoire est le premier volet d’une redéfinition complète des services, de la classe de sixième à la terminale. On ne peut comprendre le sens de cette « refondation » que si l’on connaît l’état actuel des services, c’est-à-dire le nombre d’heures de cours dues par un professeur, et le sens de la définition de ces services, qui date de 1950. Les débats qui ont eu lieu ces derniers temps montrent surtout que les uns ne disent pas la vérité sur leur propre service, les autres, de loin les plus nombreux, ne savent pas de quoi il est question et n’ont même aucune idée de ce que c’est qu’un « service » pour un professeur. L’ignorance de la presse, à cet égard, est générale. Ce qui permet au ministre, quel que soit son bord, de démanteler l’école. Jean-Michel Muglioni tente de montrer ce qu’est un service de professeur et quelle idée du métier de professeur implique le changement proposé par Vincent Peillon.
- On lira aussi un excellent article d’André Perrin en accès libre sur Causeur Ne tirez pas sur les prépas ! Quand on flingue l'élitisme républicain, c'est le peuple qui trinque. L'auteur y répond avec beaucoup de verve à un papier insultant publié récemment dans Libération.
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