Pacifier l'école
par Jean-Michel Muglioni
Jean-Michel Muglioni reprend ici des thèmes déjà développés par lui et d’autres contributeurs sur ce blog. Il ne s’étonne pas de ce qu’une nouvelle fois des professeurs soient victimes de la violence d’élèves ou de parents d’élèves : cette violence est inscrite dans la nature de l’école telle qu’elle a été réformée depuis bientôt un demi-siècle, c’est-à-dire ouverte sur le monde extérieur. Sa thèse est la suivante : l’école ne peut pas être un havre de paix non pas parce que le monde a changé, mais parce qu’elle a changé, parce qu’elle a été ouverte, parce que quelques pseudo-penseurs se sont plaints qu’elle soit fermée sur elle-même, comme un cloître ou une caserne disait-on, sans prévoir que l’ouvrir, c’était inévitablement l’abandonner à la société marchande qui n’a pas manqué de s’appuyer sur leur idéologie pour dire que l’école devait préparer à l’entreprise. Le nouveau ministre a fait savoir que ces violences donneraient systématiquement lieu à des plaintes devant les tribunaux, ce qui est la moindre des choses, mais aussi la plus rare. Il faut donc s’en réjouir. Mais tant que les errements des politiques passées n’auront pas été publiquement dénoncés et corrigés par le législateur, aucun espoir n’est permis.
La violence scolaire
Parents et élèves giflent ou molestent des professeurs à la moindre remarque qu’ils jugent déplacée. Le décompte de ces violences n’est pas public et peut-être même s’est-on gardé de le faire. Chaque jour les chefs d’établissement reçoivent les doléances de parents et ils accueillent généralement ces plaintes avec sympathie. Rares ceux d’entre eux qui refusent de les entendre et prennent la défense de leur personnel. Depuis longtemps - relisez Vallès et Alain - l’administration considère le professeur comme un coupable. Il est vrai qu’autrefois il s’agissait de chahuts, et non de l’intrusion du monde extérieur dans l’école, mais déjà les notables locaux intervenaient pour qu’on laisse leurs enfants s’en prendre aux professeurs. Belle démocratisation aujourd’hui ! Et comme hier, avec la complicité générale, c’est le silence. Un professeur, jeune ou plus vieux, est-il en difficulté dans son établissement, et maintenant en dehors de l’établissement ? Trouve-t-il les pneus de sa voiture crevés ? Il n’ose pas en parler. Il a honte même auprès de ses collègues. S’il ne peut faire cours parce que les élèves s’y opposent, il subit. Dans un monde qui a pourtant peu de choses en commun avec le nôtre un siècle plus tard, Alain (1) demandait en 1909, qu’on pacifie les lycées, car c’est bien son expression.
« Pacifier » est un terme fort et l’on m’accusera une fois encore d’exagérer, mais il correspond plus que jamais à la situation présente : le règne de la violence à l’école entre élèves, entre parents et professeurs, entre élèves et professeurs, impose une politique de pacification radicale. Mais il faut pour cela un diagnostic et une étiologie : qu’on ose dire ce qui se passe réellement (et la fuite dans les établissements privés revient parfois à passer de Charybde à Scylla), et qu’on se demande pourquoi la violence sociale a envahi l’école depuis au moins le primaire, sinon déjà en classe maternelle. Un phénomène d’une telle ampleur est impossible sans une complicité générale. Quand enfants et adolescents font régner la terreur et une sorte d’état de guerre dans une institution qui comporte des centaines de milliers d’adultes, il faut s’en prendre à ceux qui ont organisé ou plutôt désorganisé l’institution. Les élèves n’y sont pour rien.
Voici quelques exemples, dont certains ont déjà été donnés sur ce blog.
Protéger les maîtres pour protéger réellement les enfants
J’ai connu il y a une dizaine d’années une puéricultrice qui ne pouvait sévir d’aucune manière contre un enfant de trois ans qui en avait mordu un autre (chose assez banale). Elle ne lui en voulait pas et n’aurait exercé contre lui aucune violence ou vexation, elle lui aurait d’elle-même parlé pour le comprendre et pour qu’il comprenne ; or il fallait consoler non pas le mordu mais le mordant parce que, disait l’administration, son attitude exprimait un mal être. Une certaine psychologie justifie le refus de toute discipline et de toute sanction. Elle nous apprend par exemple qu’il ne faut pas exiger une attention soutenue trop longtemps au risque de fatiguer : on n’entraîne donc pas l’attention (2). A vingt ans un étudiant ne peut suivre un cours et l’on finit par ne pouvoir supporter la lenteur d’un vrai film : il faut des clips. Ainsi l’expérience dont il est l’auteur donne raison au psychologue : c’est un privilège quasi divin de certaines sciences humaines de pouvoir créer leur propre objet conformément à leur discours. [ Haut de la page ]
Que la question de rythmes scolaires obsède les pédagogues et les médias est un symptôme suffisant de l’impossibilité ou même de l’interdiction d’instruire. Certes, ces rythmes sont devenus insupportables, mais c’est qu’on ne réduit pas l’enseignement à l’essentiel et que la diversité des matières dès le primaire et ensuite la multiplicité invraisemblable des options rend les emplois du temps à la fois surchargés et impossibles. Mais la discussion a toujours pour principe une étrange peur des fragilités de l’enfance et de l’adolescence. Le mal est général et touche aussi bien les activités proposées en dehors de l’école : un ami qui dirigeait une colonie de vacances consacrée à l’astronomie n’avait pas le droit de réveiller les enfants au milieu de la nuit pour leur montrer les étoiles parce qu’ils avaient seulement dix ans… La protection de l’enfance tue les enfants. Qui veut vraiment prendre soin de ses élèves doit désobéir au règlement. Un père aurait porté plainte contre cet astronome, le tribunal l’aurait condamné. Que des professeurs ne puissent pas garer leur voiture près de l’établissement scolaire où ils enseignent parce qu’ils la retrouvent détruite n’entraîne ni sanctions ni réparations et il leur faut donc garer très loin ou venir en transport en commun : protégeons les maîtres, les enfants s’en porteront mieux !
Problème social et problème scolaire
Qu’on me comprenne bien. Qu’on ne s’imagine pas que je parle ici de problèmes dus à ce qu’on appelle l’immigration. La violence est présente dans des campagnes profondes et comme on dit totalement « gauloises ». Seulement personne ne veut voir ou dire que faire classe y est devenu impossible. Car c’est impossible. Imaginez par exemple l’état d’esprit et de corps d’élèves de douze ans qui ont vu la veille au soir chez eux un film porno. On me dit que le problème est social, ce qui est incontestable. Je réponds que comme tel il ne relève pas de l’école mais de l’action gouvernementale, et qu’en conséquence, si l’on veut que l’école puisse tout simplement exister avant que le problème social soit réglé (car nous devrons sans doute attendre longtemps), il faut la protéger de la société, et donc la fermer au monde extérieur et d’abord aux parents. Mais un ministre pourrait-il formuler ou même concevoir une telle exigence sans ruiner sa carrière ?
La démocratisation du pire
Revenons sur un exemple que j’ai déjà donné. Pour gagner leur vie, de nombreux philosophes du XVIII° siècle et du début du XIX° siècle durent exercer le métier de précepteur dans des familles aristocratiques ou bourgeoises. Cette malheureuse expérience leur a appris que seul un enseignement public, dans une classe (3), peut libérer les enfants des riches et des puissants de leurs habitudes despotiques qui rendaient le préceptorat insupportable et inefficace : la proximité des parents et l’immersion dans le milieu social, en l’occurrence l’aristocratie, rendaient l’instruction impossible, et le précepteur était l’objet de vexations permanentes, et selon l’expression consacrée ici à sa place, traité comme un domestique. Le monde a changé – je le répète puisqu’on dira que je n’en tiens pas compte. Mais on voit aujourd’hui que, dans les quartiers les plus déshérités, les plus petits se comportent en enfants gâtés ; ils se moquent de leurs maîtres et leurs parents les soutiennent : les professeurs sont à peu près les seuls qu’ils peuvent traiter comme leurs domestiques ! On n’a pas démocratisé l’instruction mais le vice : il y a cent ans les pauvres se contentaient de l’alcoolisme et la drogue n’affectait que les plus hautes classes et quelques artistes.
La cause et l’effet !
Pourquoi l’école disparaît-elle peu à peu ? Parce que depuis longtemps on veut que les parents et la société l’investissent. L’école ayant été délibérément, selon une doctrine explicite, ouverte au monde extérieur, il ne faut pas s’étonner qu’elle le reflète (4). La catastrophe scolaire ne vient pas de la société mais de ce que l’école s’est laissé dévorer par la société. Ainsi les maux de la société (qui en effet ne manquent pas) ne sont pas la cause de la ruine de l’école, mais ils ne sont présents dans l’école que parce que les réformateurs ont voulu que l’école ne soit plus l’école et qu’ils ont réussi. Entre cette thèse que le seul exemple du préceptorat permet de comprendre et la thèse ministérielle passée, et nous le craignons, présente, si le rôle des parents n’est pas remis en question, thèse généralement partagée dans toute l’Europe, il y a peut-être cette seule différence que l’une prend pour cause ce que l’autre considère comme un effet.
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Annexe [mise à jour du 3 octobre 2012]
Jean-Michel Muglioni avait laissé un commentaire important sur l'article de Marie-Claude Perrin-Faivre Professeurs désespérés : un déni de civilisation. Il y réfléchit sur la destruction systématique de l'état de droit dans l'enceinte scolaire : c'est une conséquence du refus d'instruire. Mezetulle avait songé alors à reprendre cette réflexion de manière plus visible et plus autonome que dans un simple commentaire : en voici l'occasion.
L'école et l'état de droit : la "gestion des conflits" et le refus d'instruire
Le refus général de dire les choses
De toutes parts, et pendant longtemps, on a objecté à ceux qui soulignaient la destruction systématique de l'état de droit au sein de l'enceinte scolaire - manifestée principalement par les agresssions envers les professeurs - qu'il s'agissait de fantasmes alimentés par la nostalgie d'une école "élitiste" et pratiquant la sélection. La projection de La journée de la jupe a été suivie du même refus de prendre en compte la réalité (1). Une certaine part du corps enseignant, la plupart des inspecteurs, l’administration, la plupart des journalistes, presque tous les politiques ont une étonnante capacité à cacher la réalité. Un chef d’établissement est sûr de voir sa carrière bloquée s’il parle. Un professeur qui avoue les difficultés qu’il rencontre dans sa classe est considéré comme incompétent, fragile psychologiquement, ou même comme dangereux (2). Les parents d’élèves sont tels que le dit Marie-Claude Perrin-Faivre et concourent eux-aussi au silence. Je ne sache pas qu’un mouvement syndical de grande envergure se fasse entendre, pour exiger qu’on respecte les professeurs. Il faudrait qu’un grand historien nous montre comment les peuples européens en sont venus à détruire leur école.
Psychologisation et régime policier
Quand un élève refuse de se plier aux règles de la classe ou de l’établissement, l’administration et la justice donnent tort aux professeurs. Il faudrait pour éviter ce qu’on appelle alors un « conflit » entre le professeur et ses élèves, que la formation des professeurs leur apprenne la « gestion de conflits » : l’indiscipline et le refus des règles de l’école sont aujourd’hui de l’ordre du conflit ! Ce vocabulaire suffit à lui seul pour montrer que la situation est sans issue, puisque d’emblée le contrevenant est considéré comme un opposant ou un ennemi. La désobéissance d’un enfant à ses parents relève-t-elle elle-aussi de la gestion de conflit ? Une indiscipline, une impolitesse à l’égard d’un professeur ou d’un autre élève, l’habitude d’arriver en retard, le fait de ne pas apprendre une leçon, tout cela et même l’ignorance ou l’incapacité à parler en français relève aujourd’hui de la gestion de conflit ! La conséquence nécessaire est que l’état de droit ne peut régner dans un établissement scolaire. Toute forme de refus d’obéir à la loi commune étant considérée comme un conflit par les autorités chargées de la faire respecter, aucune sanction d’ordre scolaire ne peut être prise. S’il s’agit simplement d’une ignorance, l’élève n’aura pas à apprendre, mais son professeur devra faire la paix avec lui. Si au contraire un professeur s’oppose à son administration ou refuse de suivre la mode, c’est alors une faute professionnelle, mieux, une faute éthique contraire à ses devoirs de fonctionnaires.
Je m’explique. Si je brûle un feu rouge, vais-je arguer auprès du ministre de l’Intérieur que je suis en conflit avec les gendarmes ? Si je ne paie pas mes impôts, dirai-je au percepteur que je suis en conflit avec lui, et qu’en conséquence il doit renoncer à les percevoir et suivre avec le gendarme que j’ai injurié un stage de gestion de conflits ? Ces exemples paraîtront caricaturaux, mais ce qui se passe au ministère de l’Education nationale est aussi délirant, et finalement l’ensemble de la population y concourt sans en avoir la moindre conscience. Le désir ministériel de classer les enfants de maternelle en enfants à risque ou à haut risque a choqué, mais on se contentera de changer le vocabulaire, car ce n’est pas les choses mais les mots qui ont choqué : le ministère mettra sans grosse résistance en place un système qui permette de repérer les individus ingérables. Car cette psychologisation de l’enseignement est dans son essence policière (Georges Canguilhem a écrit sur ce point un célèbre article sur la nature de la psychologie). Le refus d’instruire qui préside à la désorganisation de l’institution scolaire et le refus de la discipline scolaire qui en résulte devaient avoir cette conséquence. Ou bien l’autorité des maîtres est reconnue (autorité fondée sur le savoir), ou bien les établissements scolaires doivent en effet être gérés par des spécialistes de la gestion de conflit et du maintien de l’ordre.
Le serpent de mer des rythmes scolaires
Presque tous les candidats à l’élection présidentielle envisagent de changer les horaires des professeurs et le rythme de leurs vacances : beau remède, et belle hypocrisie, puisque le pédagogisme a remis en question le calendrier français bien avant que la situation devienne catastrophique. Qu’on attende le salut d’un changement dans l’organisation des services et des vacances, est-ce la preuve d’un aveuglement ou d’une volonté délibérée de détruire ce qui reste de l’institution ou même de faire fuir le plus possible de professeurs pour recruter des personnels bon marché ? Le prétendu modèle finlandais qu’on veut suivre ainsi n’est rien d’autre que l’organisation d’un système de production de compétences garantissant (ou plutôt croyant garantir) l’employabilité future des nouveaux esclaves. Car les plus sensibles des parents d’élèves à la dérive de l’institution croient qu’elle pêche parce qu’elle ne prépare pas à la vie sociale et professionnelle, et cela parce qu’elle demeure prisonnière d’un style d’enseignement qui n’a plus de sens aujourd’hui. Ils ne réclament pas plus de discipline et de culture.
Manque-t-on de propositions positives pour que l’école cesse de sombrer ?
On reprochera à Marie-Claude Perrin-Faivre et à ceux qui voient les choses comme elle, c’est-à-dire telles qu’elles sont, de ne pas proposer de solutions. Mais y a-t-il lieu d’inventer une nouvelle méthode pour apprendre à lire ou à compter ? Une nouvelle façon d’instruire ? Les contenus essentiels du savoir humain changent-ils d’un an sur l’autre de telle sorte qu’il faille sans cesse réformer les programmes ? En matière de politique le désir de changement risque de conduire à la fin de la république puisque les principes républicains, formulés depuis longtemps, n’ont pas à être changés mais à être respectés (ce qui n’est pas le cas en France) : de la même façon il se pourrait que la question de savoir comment et quoi enseigner ait été résolue depuis longtemps. Le mal vient non pas de ce qu’on ne sait pas quoi faire, mais de ce qu’on ne veut surtout pas faire ce qu’on sait parfaitement devoir faire. Comme nous disait Ferdinand Alquié au moment où la notion de recherche est apparue dans le libellé de certains diplômes universitaires, il y a d’abord à apprendre des choses qui ont déjà été trouvées… Ainsi l’enseignement est pratiqué depuis assez longtemps pour qu’on sache en quoi il consiste et qu’il n’y ait pas lieu de croire que les dernières découvertes d’une prétendue recherche peuvent seuls lui servir de norme.
Notes de l'annexe
1 - Lire l'article de Tristan Béal sur ce film L'école infâme.
2 - Voir l'article sur Rue89.
© Jean-Michel Muglioni et Mezetulle, 2012
Voir les autres articles de Jean-Michel Muglioni sur Mezetulle
Notes de l'article [cliquer sur le numéro de la note pour revenir à l'appel de note]
1 - « L’administration connaît ces désordres [les chahuts qui empêchent les cours d’avoir lieu], mais elle veut les ignorer. Elle laisse entendre, dès qu’on la pousse là-dessus, que le professeur est seul coupable. En quoi elle ment. C’est à peu près comme si un gendarme accusait de maladresse ceux qui se laissent assassiner. Non; le rôle d’un jeune savant est d’instruire, et non de faire le garde-chiourme. Aux surveillants, aux censeurs, aux proviseurs il appartient de faire régner l’ordre. Et dès qu’ils voudront bien agir énergiquement, le professeur fera sa classe en paix. Mais tout au contraire, ils ont peur de tout, peur des parents, peur du maire, peur du député; ils ont peur surtout de perdre un élève. C’est pourquoi ils se montrent doux, conciliants, indulgents, aux dépens d’autrui.
Qu’arrive-t-il cependant? Le professeur tiraille contre l’ennemi, l’esprit sans cesse partagé entre son problème et les boulettes de papier mâché; c’est pourquoi il est confus et ennuyeux, et tombe bientôt dans l’abrutissement le plus profond, prend son métier en haine et dicte des résumés pendant une heure. Là est le mal; il y faut porter le fer rouge. Si j’étais directeur de l’enseignement secondaire, je m’occuperais de pacifier les lycées. J’y arriverais parce que je rendrais les chefs responsables de tous les désordres. Et nous n’aurions pas trois cents élèves à renvoyer dans toute la France pour rétablir partout l’ordre, le silence et le respect. Telle est la réforme qu’il faut faire ». Alain, Propos d’un Normand,1073, 18 février 1909. (Repris aussi dans L’instituteur et le sorbonagre. 50 propos sur l’école de la république. Édition établie par Emmanuel Blondel, Mille et une nuits.
Je ne dis pas qu’aujourd’hui il suffise de renvoyer trois cents élèves.
2 - Cf. sur ce blog : L’asphyxie sonore, Pouvoir et opinion, L’éducation par l’instruction…
3 - Autre forme de dissolution, la disparition des classes à cause de la diversification infinie des options. Et là encore tout un discours pédagogique s’en est pris depuis quarante ans à la classe.
4 - Cf. sur ce blog L’école reflet de la société.
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