20 juin 2007 3 20 /06 /juin /2007 12:02
Bloc-notes
Allez Fadela !

Depuis sa nomination à un poste de secrétaire d'Etat dans le "gouvernement Fillon 2", Fadela Amara, présidente de Ni putes ni soumises, est l'objet de violentes critiques bien-pensantes.

"Trahison !"... comme si l'appartenance à une famille ou à une tribu politique importait plus que l'action politique elle-même ; les critiques vont parfois jusqu'à la calomnie : "carriérisme"... J'ai même entendu que NPNS aurait inventé en grande partie les affaires de violences faites aux femmes dans les cités afin de se "faire mousser".
Les mêmes (je parle des tribus progressistes bien pensantes pour lesquelles l'appartenance tient lieu de politique) n'ont soufflé mot naguère lorsque telle leader de mouvement étudiant ou tel dirigeant de mouvement antiraciste ont été non pas nommés secrétaires d'Etat, mais planqués à des postes infiniment moins exposés, bien plus durables et avantageux... Ah mais j'oubliais un détail : les auteurs de ces manoeuvres de haute politique étaient des "potes"....

Il faudrait peut-être que les thèmes de l'intégration restent, en demeurant perpétuellement utopiques, la propriété des discours qui surfent sur la revendication en se gardant bien de toute prise de risque ? Chose intéressante : ce sont des jeunes femmes qui portent ici le courage politique "d'y aller", d'effectuer une sortie comme un ailier de rugby va à l'essai. Mais c'est toute la différence avec une équipe de rugby : il leur faut non pas percer les lignes adverses mais celles qui devraient en principe les soutenir. Elles "y vont" malgré les secondes et troisièmes lignes, malgré les piliers grandes gueules, tous ceux qui voudraient bien les retenir en leur faisant une leçon de décence : comment, vous allez vous montrer ailleurs, ailleurs que dans "notre" monde ? Des filles qui sortent de la bienséance politique, et brillantes en plus ? Voilez-moi cette audace que je ne saurais souffrir! Et puisqu'on ne peut pas les voiler, les retenir "chez nous", alors on les salit. Jamais le slogan NPNS n'aura été si vrai : car il souligne un comportement hélas très répandu bien au-delà d'une "culture" particulière... et auquel le ressentiment n'est pas étranger.

Je n'en doute pas une seconde : si Fadela Amara a le courage d'accepter l'occasion d'agir qui se présente à elle, elle aura aussi, si la politique qu'elle est venue défendre rencontre trop d'obstacles, celui d'en tirer les conclusions. Les responsables se jugent à leur politique, à leurs actes, à leurs engagements et aux leçons qu'ils en tirent.

Allez Fadela ! Ne vous laissez pas impressionner !

Pour lire une réaction critique qui analyse les choses sans complaisance mais sans crise d'hystérie, voir le texte de Caroline Fourest sur le blog de Prochoix suivi par son article sur Respublica 550. Elle soulève à mon avis le point difficile de cette affaire, à savoir la collaboration oxymorique avec Christine Boutin. Souhaitons que la force de conviction et l'exemplarité de l'action de Fadela Amara puissent détourner son ministre de tutelle de certaines complaisances envers l'UOIF et l'intégrisme religieux en général !

Lire quelques réactions
Lire la Lettre ouverte à Fadela Amara par Brigitte Bré-Bayle dans Respublica n° 550 (3 juillet 07)
Sur le Bloc-notes le 20 juin 2007
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commentaires

M
Oui, allez Fadela......quelle opportunité !
M
Et que dira monsieur Devedjian, alors? Je doute qu'il soit besoin de passer à gauche pour savoir de quoi il retourne.
D
Au nom du Respect, de la Laïcité et de la Mixité... et de l’universalité de nos combats<br /> <br /> Bonjour,<br /> Merci de lire le courrier qui suit : il ouvre d'autres pistes de réflexion face à la "colère" et au « dépit » de certains !<br /> Bien cordialement et militantement,<br /> Dominique Peignoux<br /> Militante NPNS<br /> Membre du BN<br /> <br /> « Moi aussi, j'ai eu un moment de surprise en entendant que Fadela était entrée dans un gouvernement de droite ... Très vite je me suis rappelée les raisons de mon engagement à ses côtés. Jamais, nulle part, je n'avais rencontré un Mouvement, une association, un parti qui défendait les valeurs qui m'étaient chères : le respect, la laïcité, l'égalité et la mixité. J'ai aussi trouvé à Ni Putes Ni Soumises la possibilité de militer pour un nouveau combat féministe et de lutter contre toutes les discriminations.<br /> Nous savions en rejoignant le Mouvement, que NPNS rassemblait sur des idées universalistes qui ne sont en aucun cas l'apanage ni de la droite ni de la gauche. <br /> <br /> Si Fadela était restée dans sa petite section PS de Clermont-Ferrand, il n'y aurait peut-être pas eu ce "formidable élan populaire en 2003 suite à la Marche des Femmes contre les Ghettos et pour l'Egalité "dont vous parlez dans votre pétition.<br /> Si Fadela était encore à Clermont-Ferrand, vos comités de Montreuil et de Boulogne n'auraient pas existé. Il vous aurait fallu des années pour faire entendre votre combat. <br /> si Fadela n'était pas sortie des sentiers battus nous n'aurions pas eu cette possibilité de former un grand Mouvement historique dont les forces de propositions ont de réels impacts. <br /> <br /> <br /> <br /> L'inauguration de la Maison de la Mixité fut un grand moment : l'occasion de rassembler des gens de toutes tendances, de toutes conditions, de toutes origines, de tous âges réunis autour des mêmes valeurs universalistes et humanistes.<br /> Pour répondre en même temps à M.Sollers dans sa version Web du JDD du 28 juin 2007, cela n'aurait rien changé que Fadela soit promue au rang de princesse par le PS… bien au contraire cela aurait enfermé son action dans le clivage gauche droite qu'elle réfute ! <br /> <br /> C'est vrai que je n'aurais jamais imaginé Fadela travaillant en binôme avec Christine Boutin, mais ce que je vois de positif, c'est que les journalistes du monde entier commentent abondamment son entrée au gouvernement. Ils doivent ainsi expliquer dans les langues les plus diverses le principe de la laïcité, par exemple. Nul doute que cette médiatisation aura des effets positifs et pédagogiques à travers le monde... il ne faut pas en minimiser la portée, ni oublier qu'un grand nombre de pays et pas des moindres ne connaissent pas encore la séparation de l'église et de l'état ! <br /> Une fois de plus, Fadela est sortie du cadre où on l'attendait. Jusqu'à présent elle a réussi à entraîner un grand nombre de personnes derrière elle,...elle ne se fera jamais récupérer car je la sais irrécupérable au sens propre du terme. <br /> En revanche, e n acceptant de faire partie d'un gouvernement, c'est-à-dire de l'exécutif, elle saisit encore une fois au passage la possibilité de mettre ses idées en application. <br /> <br /> Et puis,… surtout au regard de ce qu'elle a déjà accompli depuis des années, j'ai envie de lui faire confiance ... »<br /> <br /> <br /> Lilliane Jolivet<br /> Bénévole NPNS, membre du BN<br /> <br /> <br /> PS. Plutôt que de dépenser notre énergie dans de vaines querelles internes, soutenons ensemble l'action de Fadela et consacrons nos efforts pour ce qui nous unit (sans oublier Nawal Sadaoui par exemple)<br /> <br />
M
Je comprends l'idée de juger les politiques sur leurs actions et non sur leur appartenance à une pseudo-famille. Toutefois, malgré leurs différences, Christine Boutin et Fadela Amara s'entendent sur un point (JT de France 2 il a deux jours) : elles sont contre l'avortement.<br /> <br /> Si les réactions de Dominique Sopo et du responsable des MJS sont quasiment risibles, je pense qu'il faut également se méfier de ceux qui nomment "ouverture" chaque nomination d'une personne dite "de gauche". Nous jugerons les actes soit. Mais personnellement, je doute qu'Eric Besson ou Bernard Kouchner soient des modèles d'intégrité aux convictions chevronnées... Même sur la photo de classe du gouvernement Fillon I les ministres UMP tendent à s'écarter de Besson, peut-être pour préserver leur image (propos tenu dans Arrêt sur image, émission qui va disparaître de France 5 à la rentrée prochaine...). Car oui au final, c'est l'image qui compte, l'image que donnait Fadela Amara des jeunes hommes de ces jolies cités pleines de gens de bonne volonté, toutes victimes de la société française traditionnelle pour Dominique Sopo...<br /> <br /> Quand Sarkozy, grand schtroumpf premier, en vient même à demander des excuses au journaliste belge de la RTBF qui, avec humour, lui soupçonnait une entrevue arrosée avec Poutine au G8, il devient plus qu'apparent que le contrôle de l'image est devenu la préoccupation de choix des politiques (je n'apporte rien de nouveau, tout le monde commence à le comprendre peu ou prou). La RTBF, dans le journal d'hier soir, se pose les questions suivantes : la France manque-t-elle d'humour ? Pourquoi aucune rédaction n'a repris les images troublantes de Sarkozy en état inhabituel ? Autocensure me direz-vous, suicide de la presse dirais-je... J'ai débordé du sujet initial, j'espère que vous ne m'en voudrez pas, mais pour ma part le cas de Fadela Amara démontre bien que la question de l'image (trahison, soutien, etc.) a pris l'entière place de l'action, soutendue par la conviction, modèle de fonctionnement politique qui marche : c'est celui du président !
C
Il est sûr que "ça fait bien dans le tableau", mais attendons un peu avant de réduire Fadela Amara à une image. En outre je suppose qu'elle est parfaitement consciente du risque d'instrumentalisation, de même qu'elle s'attendait lucidement à des critiques frôlant la calomnie. Voyons si elle peut entreprendre une politique et si elle en a les moyens.

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