Bloc-notes
La virginité, "qualité essentielle" d'une femme avant mariage ?
Telle semble bien être l'appréciation du tribunal de grande instance de Lille qui vient de rendre un jugement étonnant. Un mari a demandé l'annulation de son mariage au motif que sa femme n'était pas vierge, alors qu'elle avait prétendu l'être. S'appuyant sur l'article 180 du code civil, le tribunal a donné raison au mari.
L'article en question permet à un des conjoints de demander l'annulation du mariage s'il y a eu erreur sur "les qualités essentielles" de l'autre personne.
Juste un détail : il se trouve que les époux sont musulmans.
La question qu'on aimerait poser aux juges : auraient-ils décidé la même chose pour des non-musulmans?
Quelle que soit la réponse, elle paraît plus qu'inquiétante.
Si oui, faut-il comprendre que la virginité devient une "qualité essentielle" sur laquelle aucune future épouse ne doit ni plaisanter ni mentir ? Qu'elle le soit pour quelques ultra-réactionnaires, c'est leur affaire, mais le fut-elle jamais aux yeux de la loi de la République ?
Si non, faut-il comprendre qu'un tel jugement s'appuie sur une distinction religieuse et introduit un droit particulier en exigeant des femmes musulmanes un devoir de véridicité sur leur virginité, devoir qui ne s'impose pas aux autres?
Par ce jugement, le peuple français, au nom duquel la justice est rendue, donne un signe clair aux intégristes de tout poil : ils peuvent désormais considérer qu'ils ont le champ libre.
Source de l'information : Europe 1 journal de 8h et de 9h jeudi 29 mai 2008, lire l'article de Caroline Moisson sur le site.
PS du 2 juin. Comment ! des ignares osent critiquer un jugement subtil et tellement expert ! Voir l'article sur Mezetulle : dialogue rêvé entre Tartuflette et Chicanette (publié par Marianne2.fr le 2 juin).