Bloc-notes
De l'école de Jean-Claude Milner enfin republié !
(Lagrasse : Verdier, 2009)
Il y a 25 ans Jean-Claude Milner publiait De l'école (Seuil) (1). L'ouvrage reparaît aujourd'hui chez Verdier/poche, intact dans sa fraîcheur lumineuse, et toujours aussi actuel.
Livre de salubrité analysant avec une plume féroce le naufrage de l'école républicaine sous les coups des gestionnaires, de la corporation pédagogiste et d'une certaine idéologie démocrate-chrétienne dont le point de convergence est la méfiance (pour ne pas dire la haine) à l'égard des savoirs et leur dévaluation lorsqu'ils sont répandus par une « combinaison pour assurer la liberté » - selon l'expression par laquelle Condorcet désignait l''Instruction publique.
Mais aussi livre d'élucidation fondamentale où la « pensée naturelle de l'école » vole en éclats pour faire place à des concepts clairs, distincts et libérateurs.
Derrière ce livre, rapidement devenu un classique, se sont engouffrées durant un quart de siècle la critique anti-pédagogiste et toute une réflexion sur l'école républicaine. Toujours percutante et pertinente, souvent brillante - de Marc Le Bris à Jean-Paul Brighelli, de Danièle Sallenave à Cécile Ladjali (pour n'en citer que quelques-uns) cette lignée témoigne que Milner ne s'était pas trompé : le naufrage annoncé et déjà bien avancé en 1984 a eu lieu.
Aussi la republication de De l'école, attendue par beaucoup depuis longtemps, n'avait-elle nul besoin d'une actualisation.
Comme l'écrit l'auteur dans la Préface de l'édition de 2009 :
Aussi puis-je, sans trouble de conscience, reprendre mon texte tel qu'il était à l'origine; à quelques infimes détails près. [...] Le lecteur saura faire la part entre ce qui dépendait d'une actualité passagère et ce qui demeure politiquement vivace. Il aura parfois le sentiment que je commente des événements récents ; il saura qu'il se trompe; il saura aussi que son illusion porte sa part de vérité, puisque les mauvaises décisions n'ont cessé, durant toutes ces années, de recommencer leur ronde sempiternelle.
1 - On peut rappeler l'ambiance houleuse déclenchée à l'époque par les mesures et déclarations désastreuses du ministère Savary. Précédé par le brûlot-cri d'alarme Le Poisson rouge dans le Perrier de Marie-Claude Bartholy et Jean-Pierre Despin (Limoges, Critérion, 1983), De l'école fut suivi de près par mon propre Condorcet, l'instruction publique et la naissance du citoyen (Le Sycomore, 1984) dont je n'ai jamais caché le caractère à la fois théorique et militant et dont la seconde édition (Folio-Essais 1987) s'honore d'une préface de Jean-Claude Milner. La suite a montré qu'il s'agissait bien d'une politique de fond, obstinée, cohérente, répandue à droite comme à gauche, ici et ailleurs, dont on connaît aujourd'hui les résultats..
