Bloc-notes nouveauté sur Mezetulle
Le kitsch comme « dimension de l'âme »
Comment saisir l'anguille fuyante à multiples facettes qu'est le kitsch, et comment, en une centaine de pages, en fournir une théorie cohérente, après les études (entre autres) d'Adorno, Benjamin, Broch, Moles ?
C'est le défi que relève, de manière à la fois amusante et grave, Christophe Genin avec le petit livre Kitsch dans l'âme (Paris : Vrin, 2010), grâce à un concept fédérateur qui en traverse tous les aspects : la réversibilité, qu'il faut comprendre aussi comme une opération morale de conversion.
Cette « esthétique du parvenu » se déploie dans une affirmation où le mauvais goût est convoqué comme signe de puissance et d'abondance. L'homme timocratique dont Platon parle dans La République trouve dans le kitsch une réalisation profondément ambivalente qui a quelque chose de pathétique : « être à un plus haut degré étranger à la culture, quoiqu'il en ait le goût ». On a donc bien affaire à une « dimension de l'âme » qui s'épanouit dans une doxa où la séduction converge avec l'effet social passionnément recherché.
Toute ressemblance avec quelques dirigeants contemporains est, bien évidemment, pure coïncidence.
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