Bloc-notes nouveauté sur Mezetulle
Le viol est un crime : faut-il sacraliser pour autant la parole de toute femme? Un article de Catherine Deudon
Le 11 septembre dernier une manifestation a eu lieu (2) place des Vosges sous les fenêtres d'Anne Sinclair et de Dominique Strauss-Kahn, appelant de ses voeux une « justice féministe » et où on a pu lire, entre autres, une pancarte disant « DSK/Sinclair dégage ! ». Comme s'il suffisait d'être accusé de viol pour être ipso facto condamné en dehors de tout procès à charge comme à décharge. Comme s'il suffisait d'être de sexe féminin pour voir sa parole sacralisée en pareille circonstance.
On a connu naguère les effets dévastateurs de la sacralisation de la parole des enfants. L'affaire d'Outreau est connue, mais on peut rappeler la déplorable affaire du suicide de Bernard Hanse, accusé injusement d'attouchements pédophiles sur un de ses élèves, dans laquelle le rôle de Ségolène Royal (alors ministre) fut édifiant.
Va-t-on, dans les affaires de viol, céder aux mêmes aberrations et discriminer au nom de la loi la parole des témoins selon leur sexe ? Considérer que la parole d'une femme vaut moitié moins que celle d'un homme ou inversement lui attribuer une valeur absolue dès lors qu'elle accuse un homme de viol procède de la même logique discriminatoire : c'est piétiner les droits de l'humanité tout entière et cautionner une justice qui n'a que faire des preuves.
Mais il faut aller plus loin : à supposer même qu'une personne soit reconnue coupable d'un crime (car le viol est un crime), cela autorise-t-il son lynchage - et, sans doute pour faire bonne mesure, celui de son conjoint ? Le châtiment prévu par la loi n'est-il pas suffisant ?
C'est sur ces questions que s'interroge Catherine Deudon (1), en s'adressant à celles qui ont cru bon de faire de l'appartenance de sexe un motif de justice expéditive : est-ce servir la cause des droits des femmes? (3)
Lire l'article de Catherine Deudon Le viol est un crime : cela rend-il la preuve inutile ?
Réponse au texte d’appel à la manifestation du 11 septembre 2011 place des Vosges à Paris sous les fenêtres de DSK
- Catherine Deudon, « féministe historique », co-auteur de Le sexisme ordinaire (Paris : Seuil/Libre à Elles, 1979, préface de S. de Beauvoir), est également connue pour ses photographies des mouvements de libération des femmes (Un mouvement à soi 1970-2001 Catherine Deudon, éd. Syllepse, 2003). Mezetulle a publié en 2009 un de ses dessins humoristiques.
- Lire le texte de l'appel, publié en pdf sur le site de la Marche mondiale des femmes. Une vidéo de la manifestation est visible sur le site du journal 20 Minutes.
- Voir aussi le texte de Martine Storti sur son site , repris sur Rue89.
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