Bloc-notes nouveauté sur Mezetulle
Instruction et morale
Il est vain - et il pourrait être dangereux - de prétendre enseigner la morale si on ne redonne pas d'abord à l'école sa priorité, qui est d'instruire. Jean-Michel Muglioni développe et illustre dans son article La morale de l'instruction une thèse maintes fois abordée sur Mezetulle, par lui et par d'autres (1) : l'instruction est en elle-même éducation. Envisager d’enseigner la morale à l’école n’a pas grand sens tant qu’on n’est pas assuré que l’école accomplit réellement sa tâche d’instruction publique.
Les nécessités inhérentes à l’instruction contiennent déjà sinon toute la morale, du moins tout ce qu’une école laïque peut faire, sans blesser les consciences, pour préparer chacun à découvrir en soi-même la morale. Tout simplement parce qu'une bonne leçon d’arithmétique élémentaire, d'abord suppose qu'on se discipline et qu'on écoute autre chose que ses penchants, et ensuite apprend mieux à ne pas dire et croire n’importe quoi. Parce que la volonté de comprendre et le respect d'autrui sont inséparables. Parce que comprendre est la plus haute expérience qu'on peut faire de la liberté - la sienne et celle d'autrui. Parce que la lecture des grandes oeuvres est une meilleure école que le prêchi-prêcha. Parce que, sans la liberté de conscience, un homme ne peut répondre de ses choix et se voit contraint de s’en remettre à ce qu’un prêtre, un gourou ou une société lui impose de croire : il n’y a plus dès lors de morale possible.
Que l'on rende donc l'école à elle-même, en y faisant régner le calme et la sérénité, pour qu'on s'y instruise vraiment.
Mais il faut pour cela sortir d'une méprise générale sur l’idée de savoir, dissiper les contresens sur le concept d'instruction, et réfléchir sur ce que c'est qu'enseigner.
(1) Voir la rubrique Ecole du Sommaire.
Lire l'article de Jean-Michel Muglioni La morale de l'instruction.
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