10 mai 2007 4 10 /05 /mai /2007 21:35
Bloc-notes
Les amis des bêtes ?


Deux graffitis relevés dans le métro parisien le 10 mai 2007, manifestement de la même main, dont le graphisme signale une personne "éduquée" et peut-être même lettrée... j'en ai eu d'autant plus froid dans le dos :








Il est probable que l'auteur(e) de ces suscriptions s'imagine être au summum de l'écriture subversive et investi(e) d'une haute mission morale. Il (elle) ne fait pourtant que reproduire un schéma ultra-réactionnaire dont nous connaissons la variante mémère : "ah, mon petit chien, il est meilleur que bien des hommes"...

Mais la variante mémère n'avoue pas tout et laisse les points de suspension achever la mission exterminatrice, sans prendre de responsabilité (c'est vous qui l'avez pensé, pas moi...). Ici s'étale en toute vérité la version végétaro-cannibale la plus pure et la plus effrayante : pour ne pas traiter les boeufs ou les moutons comme des animaux de boucherie, on nous propose tout simplement d'envoyer une partie de l'humanité à l'abattoir - que cette dernière soit revêtue d'un uniforme ne fait que souligner l'opération discriminante dont on a toujours besoin pour justifier le pire. Comme le dit avec humour le chanteur Didier Super, dans son rêve "d'une humanité plus pure", "franchement j'ai pas raison ? si c'est pour buter des méchants on peut le faire, non ?" (1)

J'ai toujours eu un peu de méfiance envers ceux qui, par idéologie (et non par obligation thérapeutique), s'abstiennent de viande, surtout quand ils font la leçon aux autres - qui veut faire l'ange fait la bête (féroce).
Tant de fiel entre-t-il dans l'âme de certains amis des bêtes?

1 - Didier Super, "Rêve d'un monde" (album Vaut mieux en rire que s'en foutre 1). Voir le site de Didier Super.

Voir aussi la discussion dans les commentaires de l'article "L'épopée des ours dénaturés".

sur le Bloc-notes le 10 mai 07


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commentaires

I
C’est triste de lire dans un billet signé par une philosophe le vieux poncif de « mémère à chien-chien »…<br /> Ce qui nous renvoie immanquablement à la supériorité de l’humain, sous entendue par cette évocation réductive…<br /> Pour ma part, je ne vois dans cette affiche que la volonté de choquer et de provoquer pour attirer l’attention, et, si je ne trouve pas que c’est le meilleur moyen, je ne le désapprouve pas tant il est évident qu’il n’appelle pas à la violence !<br /> C’est la reprise des slogans de Mai 68, sauf qu’à l’époque, nous avions des raisons d’en vouloir aux forces de l’ordre, ce qui n’est plus vrai et en tout cas, pas dans le contexte de la lutte des animalistes.<br /> Vraiment, vous avez cru que l’auteur de cette affiche demandait le cannibalisme pour défendre les animaux ?<br /> Je n’arrive pas à croire à une telle naïveté, d’ailleurs je pense que personne ne le croira.<br /> Je suis végétarienne, tout simplement parce que, depuis que je suis entrée dans la réalité de la vie animale, de sa souffrance, j’ai réalisé que ce que j’avais dans mon assiette était un bout du cadavre d’un animal que je ne tuerai jamais de mes propres mains pour m’en nourrir.<br /> Parce que j’aime les animaux, pas plus ni moins que les humains, je ne connais pas plusieurs façons d’aimer. L’amour est toujours empreint de respect, alors je ne me considère pas comme supérieure, ni comme égale, l’animal a des droits, nous avons les nôtres. Si un animal entrait dans des cités pour tuer les hommes qui y vivent, je ne m’opposerai pas à ce qu’ils se défendent, les hommes pénètrent chaque jours dans le territoire des bêtes pou les décimer et il faudrait trouver cela normal.<br /> Non, je m’y refuse.<br /> Parmi les personnes que je connais, et celles qui écrivent sur les forums de mon site, aucune n’appelle à combattre les humains, mais plutôt à lutter pour défendre le monde animal… Vous comprenez la différence ?<br /> <br /> Cesser de vouloir nous faire passer pour des diaboliques ou des éco-terroristes ( mot à la mode, mot stupide).<br /> Il n’y a pas de fiel dans l’âme des amis des bêtes, mais il y a souvent de la révolte et de la souffrance, oui, beaucoup souffrent avec les bêtes… Question de sensibilité, sans doute…<br /> Je suis juste une voix, parmi d’autres qui témoigne pour les animaux et qui rompt le «silence des bêtes »… Connaissez-vous l’ouvrage qui porte ce titre, signé par Elisabeth de Fontenay ? Je l’ai lu et je le relis souvent, il ne me quitte pas, il renvoi aux vrais problèmes et surtout à la réalité animale dans l’univers humain.<br /> <br /> Vous trouvez notre combat dérisoire ?<br /> Avez-vous vu le film documentaire Earthlings ? Vous pouvez le voir sur mon site à cette adresse : http://www.agoranimal.fr/earthlings/earthlings.html personne n’en ressort indemne.<br /> <br /> ilios.c<br /> http://www.agoranimal.fr
M
Je me permets de préciser ma pensée. Ce qui m'effraie le plus dans le graffiti que j'ai montré, ce n'est pas tant la provocation que la figure de style qu'elle utilise : symétrie absolue entre l'homme et l'animal. Est affirmée par là l'identité, l'interchangeabilité homme-animal (c'est aussi ce que dit la "mémère à chienchien").  On peut intervertir les places : mettez-vous à la place de l'animal, mettez l'animal à votre place... C'est la dénaturation de l'animal ayant pour symétrique la déshumanisation de l'homme que je dénonce. Aujourd'hui nous venons d'avoir un tragique exemple de cette interversion, de cette équivalence. Une petite fille a été tuée par deux chiens. Selon l'état des informations dont on dispose ce soir, les animaux jouaient avec l'enfant, sans surveillance, comme s'il étaient eux-mêmes des enfants, comme s'ils avaient une place équivalente à un membre à part entière de la famille. Des chiens déboussolés à qui leur juste place de chien n'a probablement pas été clairement assignée. Voilà où cela peut conduire. Et on aura certainement des belles âmes qui réclameront un "jugement" de ces pauvres bêtes dénaturées... comme si on devait les traiter comme des hommes. Je suis une lectrice d'Elisabeth de Fontenay, que je connais personnellement très bien et qui m'honore de son amitié. Je suis aussi une lectrice de Francis Wolff. Par ailleurs, vous savez que je suis spécialiste de Condorcet, l'un des premiers à avoir attiré l'attention sur la sensibilité à la douleur des animaux doués de système nerveux. Mais Condorcet n'aurait jamais imaginé qu'on puisse accorder des "droits" à l'animal (lesquels d'ailleurs, et à quelles espèces ?) ni qu'ils puissent s'imposer à eux-mêmes des devoirs comme tels (ce qu'il faut bien différencier d'un conditionnement extérieur) sur la simple représentation formelle d'une loi. Au-delà de la douleur sensible, la notion de "souffrance" serait bien sûr à examiner. Il y a gros à parier qu'un chien qui n'a plus ses repères de chien éprouve une souffrance et que généralement un animal à qui on fait subir une dénaturation éprouve une forme de souffrance. Méfions-nous des projections anthropomorphiques qui au fond alimentent cette équivalence animal-homme que je dénonce. Pour la même raison, je pense qu'on n'"aime" pas un chien comme on aime un être humain. J'avoue que j'éprouve une certaine bienveillance envers les araignées, que je trouve absolument parfaites (je ne plaisante pas : je n'ai pas seulement lu de Fontenay et Wolff, j'ai lu aussi Colette...) j'ai longtemps conservé une superbe araignée au seuil de ma porte, elle dévorait tous les insectes volants qui passaient par là avec une sûreté admirable ; mais on n'"aime" pas non plus une araignée comme on "aime" un chien - n'ayant jamais rencontré de mygale ni de veuve noire, je crois tout de même que ma bienvaillance leur serait accordée... de très loin ! Et lorsqu'une araignée commune de nos contrées se risque sur mon oreiller, je n'hésite pas à l'écraser sans faire d'état d'âme. Alors d'accord pour attirer l'attention sur la nature des animaux, selon les différentes espèces, pour être attentif à leur douleur et à leur souffrance (et là encore selon les différentes espèces - du reste je me demande si la notion même d'animal en général est conceptualisable en ce sens), pour être attentif à leur juste place. Mais pas d'accord pour s'autoriser du postulat infondé, vague et dangereux de l'équivalence homme-animal afin de justifier la violence à l'égard des humains, violence qui va jusqu'au crime : je vous renvoie à ma réponse au commentaire n° 2  ;  le terme "éco-terrorisme" n'est pas de mon invention, il est utilisé par les services de police qui enquêtent sur des actes allant bien au-delà de la malveillance. Je vous renvoie aussi aux commentaires de l'article "l'épopée des ours dénaturés" : vous y trouverez une réfutation intéressante de l'idée d'égalité homme -animal.
M
un peu simpliste tout de même, je parle du commentaire.
M
Certes, tous les végétariens ne sont pas de redoutables tyrans ni des terroristes ni des exterminateurs...La question soulevée est celle d'une idéologie dans laquelle, au nom de la défense et de l'amour des animaux, l'espèce humaine est culpabilisée et parfois même condamnée. Voir l'affaire de la contamination des flacons de liquide pour lentilles de contact, revendiquée par un groupe d'amis des animaux. J'ai fait une copie d'écran de la revendication sur le site internet "Bite Back" : un seuil est franchi par rapport à la "libération" des lapins ou au barbouillage des vitrines de boucheries. Même si c'est du "flan" (car l'enquête n'a pour le moment rien établi), le simple fait de revendiquer une telle action en ces termes a de quoi faire réfléchir. La visite du site internet est édifiante : chaque acte de "résistance" est catalogué dans une liste qui n'hésite pas à recourir à des termes guerriers (comme "sabotage") pour s'en vanter. La liste n'est peut-être pas close...[Edit] Il semble bien que cette revendication soit fondée, en tout cas elle est prise au sérieux par les services de police anglais, qui parlent d'"écoterrorisme" (article du Parisien du 30 août).
C
Hitler était végétarien

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