Bloc-notes actualité
« Tentative de strangulation » dans un collège
En septembre dernier, un collégien de 12 ans menace et frappe un de ses condisciples âgé de 11 ans. Le 25 janvier il l'agresse très violemment à l'intérieur même du collège, tente de l'étrangler et le jette brutalement dans l'escalier, au point que la victime s'évanouit. Le médecin conclut son rapport ainsi : «Traumatisme crânien avec perte de connaissance suite à une tentative de strangulation suivie d'une chute dans les escaliers ».
Que croyez-vous qu'il arriva ? L'agresseur passa en conseil de discipline, qui décida une sanction exemplaire très très sévère : exclusion... avec sursis, scrogneugneu - maman j'ai peur ! La victime, après une incapacité totale de travail de 10 jours, dut envisager l'idée de croiser quotidiennement son agresseur en retournant au collège. Ses parents, écœurés devant un tel déni, décidèrent donc de le changer d'établissement - probablement en vertu de l'adage très moral et bien connu : ce sont les plus gênés qui s'en vont.
Bah oui, si ceux qui sont gênés n'acceptent pas le vivre-ensemble et n'apprennent pas très tôt le respect à l'égard de leurs agresseurs, où on va ? Il faut bien se rendre compte que, l'école étant avant tout un lieu de vie, c'est l'agresseur qui en l'occurrence doit bénéficier prioritairement de la sollicitude éducative la plus attentive : forcément, car c'est lui qui est le plus en danger, malgré les apparences.
C'est d'ailleurs bien ce qu'on déclare au rectorat concerné par cette affaire : « Nous sommes dans le domaine de l'accompagnement de mineurs. Il convient de donner au jeune agresseur une chance pour le futur et qu'ayant pris conscience de ce qui s'était passé il ne renouvelle pas ce genre d'exaction. » C'est dit de manière très soft, très mesurée, mais à mon avis cela aurait dû être plus explicite, il aurait fallu rappeler un dogme fondamental que tout enseignant doit avoir constamment à l'esprit : sanctionner un élève, c'est toujours un échec. Si vous êtes professeur, vos formateurs vous l'ont sûrement dit. Ou alors c'est que vous faites partie des crispés issus de la vieille école autoritaire pratiquant l'horrible pédagogie frontale dont on finira bien par se débarrasser.
J'ai lu ce fait divers dans Le Parisien daté du 25 février 2013, page 9. Tout en le résumant, je suis restée fidèle au contenu de l'article - recopiant mot pour mot les citations, celle extraite du rapport du médecin, et celle du directeur du cabinet du recteur - mais bien sûr les commentaires venimeux et moralisants (et même, allez n'ayons pas peur de le dire, presque politiques) sont de ma main.
Et voilà que tout à coup un doute me prend. On ne va tout de même pas remettre en question la profonde philosophie morale que la pédagogie moderne développe et pratique doctement depuis plus de 30 ans avec le succès qu'on sait, rien que parce qu'on a lu un fait divers dans Le Parisien ?