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Les langues anciennes et les « hommes de progrès »
Pour la rentrée des classes, Mezetulle recommande à ses lecteurs un superbe texte rédigé par plusieurs professeurs de langues anciennes, intitulé « Langues anciennes, cibles émouvantes », paru dans Le Monde daté du 21 août.
Quelques extraits :
Un peu d'histoire : depuis trente ans, des "hommes de progrès" (1), plutôt bien représentés au sein du ministère, et de son inspection générale des lettres en particulier, luttent contre ces fléaux de l'élitisme, du conservatisme et de l'inutilité que constitueraient le grec et le latin. Aucune fracture droite-gauche à chercher : les pragmatiques comme les révolutionnaires y trouvent leur compte.Ils avaient d'abord voulu agir sur la demande (les élèves et leurs familles), en proposant des horaires stimulants (latin pendant le déjeuner, grec le mercredi après-midi), des innovations audacieuses (seconde, première et terminale regroupées en une seule classe), la technique dite du "supermarket" ("Alors on vous propose la classe sportive, ou la classe numérique, ou la classe européenne, ou la classe musique, ou la classe d'excellence artistique, ou la classe sciences de l'ingénieur, ou alors du latin…").Mais tous ces efforts se révélèrent peine perdue. Il restait, à la rentrée 2009, un demi-million de petits néoréactionnaires qui s'entêtaient à vouloir étudier le grec et le latin dans les collèges et lycées de France. Plus grave : dans un contexte où les supposées élites se détournent massivement de l'étude des langues anciennes au profit d'options jugées plus modernes (classe européenne, cinéma, chinois…), le grec et le latin sont en train de devenir l'un des rares endroits où les élèves les plus fragiles peuvent bénéficier de ce grand luxe dans l'école d'aujourd'hui : du temps. [...]
Le grec et le latin, instruments de l'égalité des chances, vecteurs de réussite scolaire pour les plus démunis ! Il fallait agir ! Supprimer les élèves prendrait du temps, le plus simple est qu'ils n'aient plus de professeurs. Cette décision devenait d'autant plus urgente que commence à se dessiner aujourd'hui le bilan des "hommes de progrès" qui ont, depuis quelques décennies, la haute main sur l'enseignement des lettres.
Lire l'intégralité de l'article sur le site du Monde .
1 - Mezetulle ne résiste pas au plaisir de raconter qu'elle a entendu Claude Allègre ancien ministre de l'EN déclarer il ya quelques années de cela qu'il ne voyait pas l'intérêt de citer Virgile. Bien sûr ! Mais Alain disait aussi "Et on demande : à quoi cela sert-il ? On devrait plutôt se demander : de quoi cela peut-il me libérer ?". Pour être honnête, il faut ajouter que C. Allègre, dans cette intervention, voulait prendre la défense de la culture scientifique... comme si cette dernière était contraire à la culture littéraire ou était menacée par elle. Et puis, à quoi ça sert de se demander si le nombre de nombres entiers est fini ? à rien, mais c'est très libérateur... comme la lecture de Virgile !