Bloc-notes nouveauté sur Mezetulle
Laïcité, psychanalyse : même combat !
La psychanalyse a mauvaise presse en ce moment. Même des laïques se croient obligés de la critiquer, croyant avoir affaire à une pratique obscure. Daniel Liotta montre au contraire qu'une laïcité conséquente devrait plutôt s'inquiéter des menaces qui pèsent sur la psychanalyse. Les offensives récentes dont elle est l'objet prennent le risque de la normalisation tant des praticiens que des patients dont on poursuit toujours le « bien ». Mais une politique de la « santé mentale » peut-elle être menée au nom de la puissance publique? Avec l'appui tapageur du discours comportementaliste, c'est aussi la rationalité de la pratique analytique qui est récusée, sommée qu'elle est de renoncer à la thèse fondamentale de la singularité des subjectivités. Plus largement, érigeant des normes extérieures en religion sociale, c'est une forme d'incroyance que la posture anti-psychanalyse en vogue aujourd'hui invite à pourchasser.
Extrait de l'article :
On a encore en mémoire certains événements français des années récentes : la proposition d’amendement Accoyer, qui prétendait réglementer et évaluer l’exercice professionnel en matière de « santé mentale », le plan Cléry-Merlin, qui, entre autres projets, prévoyait de confier à un expert et un évaluateur agréé par l’État le choix de la thérapie des patients se plaignant de souffrance psychique, les rapports de l’INSERM consacrés notamment à l’expertise des « troubles mentaux » et des « troubles de conduites » chez l’enfant et l’adolescent. Ces événements indiquent qu’un idéal d’évaluation prétend régner sur la médecine de la « santé mentale ». Cet idéal est en adéquation avec celui des Manuels diagnostiques et statistiques des troubles mentaux (DSM) III et IV composés aux États-Unis et qui instaurent des échelles d’évaluation afin de déterminer la sévérité des « troubles » mentaux et comportementaux.
[...]
D’une part, cette politique moderne de la « santé mentale » a souvent été pensée par les psychanalystes comme ce qu’elle est objectivement : une attaque contre la rationalité et la pratique analytiques. D’autre part, il nous semble que ces offensives peuvent être articulées aux déclarations anti-laïques dont on sait que l’actuel président de la République est friand. Ne cherchons point cependant à déterminer un sombre manipulateur qui tirerait tous ces fils. Tentons plutôt de cerner en quoi ces assauts contre la psychanalyse constituent également une charge contre les principes et la pratique de la laïcité politique.
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