25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 13:52

Bloc-notes actualité
À la mémoire de François Jacob

En ligne le 25 avril 2013


François Jacob, prix Nobel, compagnon de la Libération, est mort il y a quelques jours. Un hommage national lui a été consacré : c'est juste, c'est bien. Je tiens à saluer ce combattant de la liberté et de la pensée, grand esprit libre et libérateur, éclairé et éclairant. Je lui dois une des lectures théoriques les plus excitantes de ma vie intellectuelle et aussi de ma vie de professeur de philosophie, mine inépuisable de leçons aussi bien pour moi que pour mes élèves.

Je tiens en effet La Logique du vivant. Une histoire de l'hérédité (Paris : Gallimard, 1970) comme l'un des plus grands ouvrages philosophiques du XXe siècle. L'épistémologie de Bachelard et de Koyré, celle des obstacles, des ruptures, celle qui s'intéresse, au-delà de la fade histoire des idées où on n'est jamais qu'un spectateur, à cerner en quoi la pensée a affaire à elle-même, comment pour se trouver elle doit se fâcher contre elle-même, cette épistémologie, qui nous fut notamment transmise par l'enseignement de François Châtelet, s'y déploie, s'y renouvelle et y montre sa puissance. Et en plus, c'est bien écrit : le roman de la pensée s'y déroule, haletant et jamais anecdotique. Plus de quarante ans se sont écoulés depuis que j'ai ouvert pour la première fois ce livre qui a fait pâlir toutes les autres lectures de philosophie des sciences que j'ai effectuées depuis (1).


1 - Pour être tout à fait honnête, je dois ajouter : à l'exception de l'ouvrage magistral de Françoise Héritier Les Deux sœurs et leur mère (Paris : Odile Jacob, 1994).

 

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commentaires

D
<br /> Que pensez-vous donc du Hasard et de la Nécessité, de Monod ?<br />
M
<br /> <br /> Très bon livre, bien sûr. Mais je dois vous avouer que sa lecture, à l'époque, a été éclipsée par celle de La Logique du vivant dont la richesse épistémologique m'a enthousiasmée.<br /> Peut-être devrais-je les relire tous deux maintenant, avec plus de recul, pour avoir un jugement plus serein ?<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Je trouve injuste que le décès de personnages de moindre envergure ai donné lieu à plus d'une semaine d'hommage dans les médias . C'était l'occasion de reparler de son prix Nobel avec Lwoff et<br /> Monod et de travaux qui ont rendu service à l'humanité sans pour autant faire de lui un riche spéculateur ! Ce qui ne lui est certainement jamais venu à l'esprit . Pour ma part, parmi ses<br /> ouvrages je citerais "La Statue Intérieure"( Odile Jacob 1987) une autobiographie dans laquelle il évoque son époque, les difficultés de son parcours professionnel , surtout son grand<br /> enthousiasme avant chaque expérience, mais peu de lui et toujours avec une belle discrétion et beaucoup de modestie ; son rôle durant la guerre . Les discussions aussi sur la France d'après<br /> guerre et sur les espoirs d'y voir adjoindre plus de justice sociale ! Et que "dans un pays neuf, le pouvoir ne serait plus aux mains d'une bourgeoisie dominée par l'argent " . Même la gauche n'a<br /> pas su se saisir de l'occasion...<br /> <br /> <br />  <br />
P
<br /> J'ai été très ému par la nouvelle du décès de cet homme. La « Logique du vivant » est un des moments de lecture qui m'ont le plus marqué ! Il y a ce que vous dites très bien de cette<br /> pensée, de ce style. Il y a aussi de l'histoire, des hommes. C’était comme si toute la collection de biographie des « Grands savants », que mon grand frère me prêtait enfant (moi<br /> j’avais plutôt celle sur les « Grands explorateurs ») avait été brassé dans le grand tableau d’une épopée étourdissante….<br /> <br /> <br /> Deux petites choses.<br /> Il faut prévenir les jeunes lecteurs des risques qu'ils encourent, après sa lecture. J'ai passé les années qui ont suivi à interpeller en toute naïveté bibliothécaires et libraires, avec des<br /> questions embarrassantes du type, Avez-vous le « la logique du vivant » de la physique ? Ou bien le « La logique du vivant » de la l'art ?….<br /> <br /> <br /> Vers la fin du livre, François Jacob esquisse il me semble l'idée que la mort soit programmée chez le vivant pour laisser place au nouveau et permettre ainsi la survie de l'espèce. Après un homme<br /> comme lui, ça met une pression ! ;-)<br />
I
<br /> Oui, « ils » partent... et je me demande bien qui sera en capacité de prendre la relève de ceux qui étaient encore capables de parler au-delà d'eux-mêmes... Dans les nouvelles<br /> générations de « penseurs », je n'en vois, malheureusement, aucun...<br /> <br /> J'ai tellement entendu parler de Jacob et Monod, par un de mes meilleurs amis, qui a travaillé avec eux dans ces jeunes années de généticien, que j'ai pour eux une admiration<br /> « dévote », sans les connaître moi-même...<br /> <br /> Si les pensées qui se rencontrent et qui s'aiment, débouchent sur la dispute (comme cela m'arrive si souvent, depuis 32 ans, avec mon ami), c'est qu'effectivement, il n'y a pas de<br /> « vraie » pensée sans combat...<br /> <br /> Je partage votre hommage à cet homme qui n'aurait pas supporté qu'on le qualifie de « grand ».<br />

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