Bloc-notes nouveauté sur Mezetulle
Culture alphabétique et matérialisme
L'alphabet est probablement le dispositif le plus puissant inventé pour libérer les esprits. Or c'est parce qu'il abandonne l'ambition de représenter les pensées, et parce que, à la différence de tout autre système d'écriture, il rend l'acte de lecture totalement mécanique, ne s'attachant qu'à la matérialité des sons et de leur émission, que l'alphabet déploie cette puissance.
Dans un ouvrage trop peu connu et qui fut parfois injustement accusé d'« occidentalocentrisme », Aux origines de la civilisation écrite en Occident (trad. fr Paris : Maspero, 1981), Eric A. Havelock développe ce paradoxe : une pure machine donne un accès transparent à l'univers infini des pensées. Il en formule l'expression maximale en une très forte thèse : « un système d'écriture réussi ou pleinement développé est un système où la pensée n'a plus aucune part ».
L'article L'alphabet, machine libératrice se veut un hommage à un livre stimulant que j'ai lu il y a bien longtemps, et qui donne toute sa plénitude à une forme audacieuse et sophistiquée de matérialisme. Je lui ai ajouté quelques réflexions sur la coexistence entre alphabet et symboles.
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