31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 11:34

Bloc-notes
Une légende urbaine universitaire

En ligne le 31 août  08


En ces temps de rentrée, je constate encore une fois que de nombreux étudiants, parmi lesquels des enseignants du secondaire, croient dur comme fer à ce qui n'est qu'une rumeur, une légende urbaine : les professeurs d'université seraient rétribués "à la tête de pipe" pour diriger des travaux de recherche (mémoires de master et thèses) et chaque fois qu'ils participent à un jury de soutenance...


C'est faux. La direction de travaux ne rapporte pas un centime "à la tête de pipe" (principe qui serait du reste inquiétant, puisque cela encouragerait chaque professeur à accepter le plus grand nombre possible de doctorants ce qui se traduit mécaniquement par une diminution de leur suivi individuel), pas plus que la participation à un jury de soutenance.

Il existe certes une prime d'encadrement doctoral dont le montant n'est pas négligeable, mais l'appréciation des conditions pour l'obtenir est telle qu'on ne peut les satisfaire qu'en compromettant les autres activités normales d'un professeur et au prix de ce qui est une forme de servitude, car elles excèdent largement et explicitement les obligations de service.
Par exemple il faut s'engager, entre autres, à rester disponible (à rester physiquement sur le lieu de résidence administrative : c'est la lecture restrictive pratiquée par nombre d'universités) pendant toute la durée de l'année civile et cela pour une période de quatre ans consécutifs. Difficile dans ces conditions d'aller fréquenter une bibliothèque lointaine ou de rencontrer des équipes de recherche à l'étranger... Et on ne manquera pas ensuite de reprocher à celui qui aura ainsi souscrit à ce contrat léonin, dont l'appréciation est entièrement à la discrétion d'un administrateur mesquin, son absence de participation à des colloques internationaux, etc.

Voir les modalités présentées sur le site de l'université de Lille III (on appréciera tout particulièrement le paragraphe sur l'obligation de résidence "tout au long de l'année civile").

Sur les légendes urbaines, quelques sites en français : Myth-hunter, Hoaxbuster, Tatoufaux et un grand classique en anglais : Snopes.com
L'article "Légende urbaine" de Wikipédia n'est pas mal fait, on y trouve une biblio intéressante : preuve que je ne suis pas systématiquement hostile à Wikipédia comme on me le reproche à tort parfois - même si Wikipédia est un lieu lui-même propice à la propagation de légendes, c'est aussi un site où ces légendes peuvent être démasquées...

 

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commentaires

U
<br /> La résidence à proximité de l'université est une obligation statutaire des enseignants-chercheurs, à laquelle on ne peut en théorie déroger que sur autorisation du chef d'établissement. cf article<br /> 5 http://guilde.jeunes-chercheurs.org/Textes/Statuec/D84-431-C.html Un enseignant-chercheur qui veut se rendre en colloque à l'étranger doit d'ailleurs demander une autorisation d'absence, outre<br /> l'ordre de mission. En ce qui concerne la PEDR, les scientifiques de bon niveau l'avaient et allaient en colloques à l'étranger (cette prime a depuis été remplacée par la PES). Cette insistance de<br /> votre université sur la résidence effective est probablement une conséquence des mœurs de certains enseignants-chercheurs (principalement dans le droit, les sciences sociales et humaines) qui ne<br /> viennent à l'université que pour faire cours et sinon sont chez eux alors qu'ils habitent loin, ce qui est difficilement compatible avec la disponibilité pour les étudiants.<br /> <br /> <br />
M
<br /> Il n'est nullement question dans ce billet de l'obligation de résidence des universitaires, qui est une règle tout à fait normale et courante dans la fonction publique, mais de l'obligation de<br /> rester sur place disponible constamment "toute la durée de l'année civile" est-il bien précisé, au gré des étudiants y compris dimanches, fêtes et congés et cela pendant toute la durée de<br /> l'encadrement doctoral (4 ans) si on demande et si on obtient la prime dont il est question.<br /> Quelles que soient les "moeurs" auxquelles vous faites allusion, sans aucun fondement objectif, il me semble difficile d'exiger une disponibilité constante à ce point. On n'est pas de mauvaises<br /> moeurs en s'absentant le dimanche ! Vous présentez cette mesure (qui est rédigée de telle sorte qu'elle laisse le champ libre aux appréciations arbitraires) sous un régime moral comme une sorte de<br /> punition en réaction à des moeurs supposées : c'est une manière de reconnaître qu'elle relève de la brimade. Ne confondons pas droit et morale.<br /> <br /> NB. L'adresse mail laissée par le commentateur n'est pas valide (voir ici les règles de publication et<br /> de censure des commentaires sur ce blog). Je publie néanmoins le commentaire : c'est un exemple à verser au dossier de la mentalité "antiprof" dont le billet fait état...<br /> <br /> <br />

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