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Appel au meurtre entendu sur France-Info ? Non : j'ai rêvé
Mardi 18 septembre, entre 7h15 et 7h30, j'ai cru entendre sur France-Info - mais j'ai sûrement rêvé - la diffusion de l'interview d'un jeune militant salafiste français ou résidant en France dans laquelle ce dernier déclarait : « Ceux qui insultent le prophète, il faut les tuer ».
Mon rêve (j'étais debout devant mon lavabo, mais on peut rêver éveillé) s'est poursuivi ainsi: le journaliste conduisant l'entretien lui faisant remarquer que « cela est très violent », il a répondu que oui, c'est violent, mais « on n'insulte pas le prophète », et d'ajouter que les lois de la République n'existent pas à ses yeux.
Ensuite je me suis dit, toujours en rêve, que cet interview effrayante est pourtant très utile et qu'on peut féliciter France-Info de l'avoir diffusée (dans ce que j'ai entendu - ou cru entendre - l'appel au meurtre était clairement présenté comme un contenu d'info et en aucune manière assumé par l'intervieweur). Utile par la charge d'information (pardon : de ce que j'ai rêvé comme information) qu'elle contenait bien sûr. Utile au plan judiciaire car, me suis-je dit toujours en rêve, elle va permettre au Ministère public de poursuivre la personne interviewée pour appel au meurtre. Mais utile aussi sur le plan politique car une telle information, si elle était avérée, donnerait une occasion à la plupart des musulmans vivant en France, qu'ils soient ou non français, de condamner de tels propos sans équivoque - ce qu'on fait d'ailleurs nombre de dignitaires religieux à propos des violences meurtrières de ces derniers jours au prétexte d'un film hostile à l'islam.
Je pense en effet que ce qui permet de rompre la trompeuse homogénéité de ceux qu'on appelle (en un amalgame peu regardant) « les musulmans », tout ce qui permet de produire, de révéler et d'attiser le débat en leur sein, tout ce qui leur permet de rejeter les dérives fascisantes qui ont trop longtemps prétendu parler en leur nom est bon. Et cela, il est vrai que je le pense, que ce soit ou non en rêve n'y change rien. Comme le dit Descartes, on sait qu'un triangle a trois côtés même quand c'est en rêve, et quand on rêve qu'on est triste ou effrayé, il est très vrai qu'on est triste ou effrayé.
Quant à l'interview, c'est sûr, je l'ai rêvée, en particulier cet appel au meurtre. En effet, il m'est impossible de retrouver cette diffusion sur le site de France-Info, impossible de la réécouter et impossible donc de donner la moindre preuve de ce que j'ai cru entendre. Oui, j'ai dû rêver. Il faut donc conclure que cette interview n'a jamais été diffusée, qu'elle n'existe pas, et que les propos que je crois avoir entendus ne sont rien d'autre qu'une fiction ou si l'on préfère une hallucination dont j'ai été victime.
J'affirme cela haut et fort, sinon c'est moi qui serai passible de poursuites pour « propagation de fausses nouvelles », et quelles nouvelles : un appel au meurtre ce n'est pas rien, et il faut avoir l'esprit tordu pour en faire état sous forme de citation, entre guillemets, et même en incluant ces guillemets dans les guillemets d'un rêve. Mais enfin, ce n'est pas un délit d'avoir l'esprit tordu ni de raconter un mauvais rêve et ce qui s'y est dit.
[Edit 18 sept. 13h14]. Eh non, je n'ai pas rêvé ! Comme le signale un commentateur ci-dessous, et comme je l'ai appris aussi de quelques amis par téléphone, l'interview a été diffusée aujourd'hui sur France-Inter notamment au journal de 13h, et elle est audible aujourd'hui sur le site de France-Inter (Interview par Nasser Madji, France-Inter 18 septembre, 8h00). Je m'empresse de mettre cet Edit rectificatif en ligne : car je crains maintenant d'être poursuivie pour « propagation de fausse nouvelle » pour avoir écrit que cet entretien n'existe pas ! Il existe bel et bien et voici la preuve enregistrée :