30 août 1970 7 30 /08 /août /1970 21:17
Débat : Sur la non-admission des femmes au Grand Orient de France (III)
La mixité, principe de concorde et de singularité
Réponse à Jean-François Rémond
par Catherine Kintzler

En ligne le 22 septembre 2009

Lire les articles du même dossier :
I - Le GODF franchit le mur du ç... (par C. Kintzler)
II - Le GODF et la mixité : à propos de quelques tartufferies progressistes (par J.-F. Rémond)
IV - Mixité ? - Non : liberté des Loges ! (par Ch. Arambourou)

A la suite de la publication par Mezetulle d'un bloc-notes "Le GODF franchit le mur du ç..."  au sujet du refus de la mixité par le Grand Orient de France, Jean-François Rémond a soutenu la non-mixité dans un article intitulé "Le GODF et la mixité : à propos de quelques tartufferies progressistes".
Catherine Kintzler lui répond ici.

Sommaire de l'article
  1. Quatre préalables
  2. La comparaison avec le racisme, procédé digne des "grenouilles de bénitier boboïdes"
  3. Vulgarité ou grossièreté ?
  4. La question érotique évacuée comme résiduelle par une mixité uniformisante
  5. La question érotique comme question critique
  6. L'irruption de l'érotisme, scénario comique et mécanique
  7. L'homosexuation comme "identité" et comme harmonie congédie la concorde, la sexualité et la singularité

1 - Quatre préalables

Quelques préalables élémentaires me semblent devoir être rappelés ici.

1° "Les droits des hommes résultent uniquement de ce qu’ils sont des êtres sensibles, susceptibles d’acquérir des idées morales et de raisonner sur ces idées." C'est ce que déclare Condorcet dans un admirable texte intitulé Sur l'admission des femmes au droit de cité (édition Arago, volume X, p. 122) et il poursuit aussitôt : "Ainsi les femmes, ayant les mêmes qualités, ont nécessairement des droits égaux." La conséquence est très simple, encore faut-il consentir à la formuler.
On m'objectera que cela est hors-sujet : la franc-maçonnerie étant une association régie par la loi de 1901, il ne lui appartient pas d'accorder des droits. D'où le second préalable qui validera rétroactivement le premier.

2° A ma connaissance, la franc-maçonnerie n'est pas une association où les données morphologiques ou biologiques sont déterminantes : ce n'est ni une fédération sportive, ni un club d'apnée, ni une association de personnes dont la taille excède 1,75m ou qui prennent aisément des coups de soleil. Je n'ai rien contre de telles associations, dont les statuts sont clairs. Ceux du GODF ne le sont pas moins. Se réclamant de l'héritage des Lumières, il se déclare association philosophique, humaniste et progressive et sa devise est la même que celle de la République française : "Liberté - Egalité - Fraternité".
L'humanisme du GODF souscrit, me semble-t-il, à la conception condorcétienne de l'être humain : un être sensible, susceptible d'acquérir des idées morales et de raisonner sur ces idées - ce qui fonde sa perfectibilité à laquelle travaille, entre autres, la franc-maçonnerie. Je n'ai jamais rien attendu d'autre en Loge qu'un travail reposant sur les qualités partagées que sont la raison, la sensibilité et l'expérience.

3° Lorsqu'on parle de différence des sexes, on peut entendre par là, soit une détermination liée à la présence d'un appareil reproducteur sexué (déterminé biologiquement par une paire de chromosomes XX ou XY), soit le traitement imaginaire et /ou symbolique par des êtres parlants s'appuyant sur des éléments perceptibles témoignant de l'existence de cet appareil, ainsi que les comportements sexuels nécessairement polymorphes qui sont liés à ce traitement contingent. Dans le premier sens, la classification "mâle / femelle", même si elle n'est pas toujours aussi évidente à établir qu'on le croit, relève d'une description qui ne pose guère problème. Dans le second, on peut et on doit tenir que chaque être parlant est traversé, tourmenté, travaillé et divisé en lui-même par cette différence qui devient culturelle et qui est, je le souligne à nouveau, polymorphe. Ainsi la condition d'être humain sexué n'est pas simplement un invariant biologique, mais une histoire. D'un invariant, on ne sort pas. Une histoire se construit, presque toujours à notre insu, contingente et complexe. A tel point que, par exemple, un individu peut souhaiter se défaire du "rôle sexuel" qui lui a été distribué non par une nature, mais par un discours.

4° Je demande au lecteur, à la lectrice, de maintenir constamment présente à son esprit l'hypothèse suivante : J'aurais pu avoir le malheur et le bonheur de naître avec un autre appareil reproducteur.

C'est munie de ces préalables que je parcours le texte de
Jean-François Rémond.


2 - La comparaison avec le racisme, procédé cher aux "grenouilles de bénitier boboïdes"

Je commencerai par le point qui fait mouche et qui m'a décidée à publier le texte de Jean-François Rémond dès que j'en ai pris connaissance : l'enrôlement des troupes bienpensantes ("les grenouilles de bénitier boboïdes") derrière la revendication de mixité ; la mixité comme idée reçue et comme alibi pour ne pas penser, à l'instar de l'antiracisme de convenance qui procède par solidarisations rhétoriques et analogies. Je dois dire que je suis sensible au reproche : Mezetulle cédant à la facilité et trahissant le principe selon lequel chaque article du blog s'efforce de soulever un enjeu pour la pensée!

Mais je ne vois pas pourquoi je repousserais une idée au prétexte qu'elle est répandue : l'important n'est pas qu'elle soit répandue, mais qu'elle soit juste et surtout qu'elle présente un contenu de pensée. A suivre Jean-François Rémond, la comparaison avec le racisme, suggérée par mes artifices rhétoriques dignes des effets spéciaux d'opéra, ne serait rien d'autre qu'un procédé de solidarisation "d'une prétendue discrimination [i.e. l'exclusion des femmes par le GODF] à d'autres effectives [celle des Noirs, des Arabes, des Juifs, ailleurs et en d'autres temps]".
Autrement dit, pour Jean-François Rémond, l'éviction des femmes au seul motif de ce qu'elles sont, sur la seule présence d'un appareil reproducteur qu'elles n'ont pas choisi (la différence des sexes au sens n°1), n'est pas une discrimination, alors que les exclusions suggérées par l'énumération de substitution que j'ai utilisée comme "écran de fumée", sont effectives, réelles : soyons sérieux, vous n'allez pas comparer l'exclusion des femmes à celle, jadis, des Noirs ou à l'antisémitisme ! Mais si ! car même si, en l'occurrence et s'agissant du GODF, elle n'a pas les mêmes effets, elle repose exactement sur le même principe : on vous objecte ce que vous êtes. Et, c'est un comble, pour vous admettre dans une association humaniste, on commence par s'aveugler à votre humanité, la trouvant trop chargée par un caractère qui pourtant n'en fait pas l'essence et auquel on devrait plutôt rester indifférent. C'est l'usage de ce principe que j'entendais dénoncer dans mon petit bloc-notes. Au prétexte que ce principe n'a pas ici les effets tragiques (ils seraient d'ailleurs plutôt comiques) qu'il a pu avoir ailleurs et en d'autres temps,
Jean-François Rémond, finalement et au bout d'une longue page, le trouve justifié. S'agissant des femmes seulement, et seulement du GODF, bien entendu !

Après tout, et comme il le dit lui-même un peu plus loin à propos du "sujet de droit", les principes ne sont que des abstractions... et le sujet débarrassé de ses particularités convoqué régulièrement par moi ne se rencontrant pas dans le réel, on ne voit pas pourquoi on lui donnerait droit de cité (on croirait lire Burke critiquant la Révolution française !). Le problème est que ce mépris s'applique en fait à tout concept : faut-il cesser de penser au prétexte qu'aucune théorie n'épuise le réel? Et faut-il penser alors que l'exigence maçonnique de "laisser ses métaux à la porte du Temple" nage dans l'abstraction irréaliste ?


3 - Vulgarité ou grossièreté ?

J'ai usé, s'étonne ensuite l'auteur, de termes "imprévus dans un blog intellectuel" - comme "nichons" "gonzesses" et "couilles" : voilà encore un choix tactique pervers destiné à faire obstacle à la pensée !

Ce choix de termes grossiers (j'ai effectivement utilisé "nichons" et "couilles" dans ma réponse à un commentaire) est bien tactique. Loin de faire obstacle à la pensée, ces termes sont d'abord une réponse à la vulgarité insigne de la déclaration (insultante à la fois pour les femmes et pour la franc-maçonnerie) que j'ai citée dans le bloc-notes en question :  l'emploi du terme "gonzesse" était destiné à relever cette vulgarité blessante.

Ensuite, deux de ces termes sont la désignation argotique (travaillée par un imaginaire) de parties du corps : les seins et les testicules. Il s'agit bien, en l'occurrence, de parties du corps liées à la présence d'un appareil reproducteur. Et sous quel autre motif le GODF exclut-il les femmes que celui d'être pourvues d'un appareil reproducteur dont les seins sont un élément, appareil reproducteur dont quelques êtres parlants fantasment les propriétés pour prétendre que en présence de femmes tout change, on n'est pas serein, on est embarqué dans une spirale de trouble ? Des seins, on passe bien aux nichons, de l'utérus à l'hystérie... C'est pourquoi, paraphrasant Le Canard Enchaîné, je me suis amusée à effectuer le même glissement s'agissant de l'autre sexe, en un jeu de mots où le çouillon se pare d'une cédille... (voir le préalable n°4) ! Le seul point où Jean-François Rémond a vu juste ici, c'est que je l'ai fait exprès.


4 - La question érotique évacuée comme résiduelle par une mixité uniformisante

J'en viens au point qui me semble principal et vraiment riche pour la pensée. La question érotique serait évacuée par l'injonction de mixité - comme un "reste" que la mixité voudrait résiduel.
Naïvement je pensais que c'est plutôt l'inverse... mais il semble que Jean-François Rémond entend ici par mixité, non pas la coexistence fraternelle et critique de singularités, mais une uniformisation indistincte et tellement harmonieuse qu'on est prié de ne pas y aborder les sujets qui fâchent. Auquel cas je n'ai rien à lui répondre, lui faisant remarquer cependant que la non-mixité présente autant de risques d'harmonie préétablie tiédasse, consensuelle et fusionnelle que la vulgate progressiste qu'il dénonce à juste titre.

Je dois donc préciser que ce que je viens chercher en maçonnerie, ce n'est pas une harmonie dictée par des prédéterminations, mais une concorde critique et constamment travaillée entre des sujets singuliers et divers :  à mes yeux la franc-maçonnerie n'est pas une église et nul ne peut y trouver de place fixée tranquillement à l'avance.

Mais revenons à la question érotique fondamentale, dont je distingue deux variantes.


5 - La question érotique comme question critique

Première variante : la question érotique en tant que question, ou encore comme question critique traversée par la différence des sexes - posée, comme le dit à juste titre Jean-François Rémond, par la création artistique, l'écriture romanesque, entre autres. Ces seuls exemples montrent bien qu'il n'est pas question de la différence des sexes au sens n°1, morphologique ou biologique, mais bien au sens n°2 autrement plus riche, plus opaque, plus compliqué, qui engage la "dissymétrie" dont parle Jean-François Rémond, dissymétrie que je crois présente en chaque être humain et non pas répartie de façon confortablement binaire.

Il est clair à mes yeux que cette question, cette "part obscure de la dissymétrie", ne saurait être évitée ou, pire, aplanie par un discours égalisant ; elle peut et doit être posée par la pensée philosophique, et par conséquent par le travail maçonnique. A en croire Jean-François Rémond, la mixité serait une opération de gommage, introduisant un discours d'ordre moral aux termes duquel on devrait s'interdire d'aborder toute dissymétrie (et particulièrement celle relative à la différence des sexes) comme inconvenante (version dame patronesse) ou (version "progressiste") comme négligeable. La mixité à ce compte ne serait qu'une opération de censure bienpensante.
Je réponds que la mixité comme principe (et non la revendication d'amputation des différences avec laquelle
Jean-François Rémond s'ingénie à la confondre, et pas davantage la revendication absurde de parité qui fige confortablement une différence qui devrait rester problématique), n'interdit aucun discours et n'en prescrit aucun, elle interdit seulement qu'on interdise l'admission dans telle ou telle association sur des motifs relatifs à une donnée biologique que l'intéressé(e) n'a pas choisie. Je n'ai jamais parlé d'autre chose s'agissant de mixité.

Jean-François Rémond ajoute sur ce point une considération révélatrice : au fond, selon lui, les partisans de la mixité ont peur des femmes, ils redouteraient l'existence d'une féminité "généreuse, libérale et surabondante" et ne supportent les femmes qu'amputées de ces propriétés.
C'est avouer qu'on tient cette vision de la féminité (avec son cortège de générosité, de libéralité et de surabondance !) et la "féminité" elle-même pour une propriété essentielle des femmes. C'est avouer qu'on tient pour coïncidentes une différence biologique et une version de cette différence modifiée, travaillée par l'imaginaire et le symbolique.
Il est vrai qu'on parle fort souvent de "féminité" sans se demander au juste quel en est le contenu conceptuel et si ce contenu doit forcément coller à la peau des femelles humaines. Il est certain que cette vision de la "féminité" existe, il est probable même qu'elle est assumée par nombre de femmes, mais est-ce une raison pour la présenter comme essentielle? Que doit-on faire de celles qui la refusent, qui ne s'y identifient pas, qui ne s'y reconnaissent pas ? Que doit-on faire de celles pour qui la féminité est mesquine, étroite et liberticide, et pourquoi s'acharner à la leur asséner ? Que doit-on faire de celles qui refusent l'idée même de féminité ? Faut-il dire qu'elles ne sont pas de "vraies femmes" parce que certains s'imaginent qu'il existe une féminité "dans sa différence spécifique" et la projettent sur les femmes comme un destin ? La question peut bien sûr être retournée dans sa dissymétrie : que faire de ceux qui ne s'accommodent pas de l'obligation de virilité ou qui en refusent l'idée même ? Ce monde binaire où se côtoient en se faisant peur des "vraies" femmes et des "vrais" hommes, j'avoue que j'étais à mille lieues de penser qu'une Loge maçonnique, philosophique, humaniste et progressive, puisse en construire de toutes pièces le fantasme et de le tenir pour réel au point d'en faire une détermination pour ses décisions.

En outre, je n'arrive pas à comprendre pourquoi la position de la question érotique, fondamentale et vraiment sérieuse aux yeux de
Jean-François Rémond et aux miens, requerrait l'homosexuation (au sens biologique) des interlocuteurs qui la traitent dans leurs échanges. Faut-il comprendre que, lorsque des hommes (porteurs de la paire XY) la posent en loge maçonnique, ils tiennent que les oreilles des femmes (porteuses de la paire XX) ne sauraient entendre ce qu'ils en ont à dire, et réciproquement ? Cette surdité mutuelle et fantasmatique est peut-être un élément des sociétés dites profanes, mais il appartiendrait plutôt à la franc-maçonnerie de la traiter et de la surmonter : quand on recherche la concorde par la circulation de la parole, on ne commence pas par camper sur une harmonie préétablie par des chromosomes. Pour poser cette question, Socrate, qui vivait dans une des sociétés les plus féroces pour les femmes, juge indispensable de solliciter Diotime, de plein droit. Le GODF de 2009, non. Pourquoi ? parce que Diotime est porteuse de la paire XX... C'est assurément une décision démocratique : mais on a le droit, en démocratie, de critiquer les décisions que l'on juge ineptes !


6 - L'irruption de l'érotisme, scénario comique et mécanique

La seconde variante de la question érotique est l'irruption de l'érotisme dans une assemblée. Je ne ferai pas l'injure à Jean-François Rémond de croire qu'il ait pu un seul instant penser à ce qui n'est pas une thèse, mais un scénario.
Scénario néanmoins évoqué assez fréquemment et sans crainte du ridicule par bien des déclarations de membres du GODF soutenant la non-mixité : à les entendre, la seule présence d'une femme (porteuse de XX) les réduirait à une dimension de trouble et de désir, à une spirale de concupiscence incompatible avec les travaux philosophiques accomplis en Loge. C'est une manière de dire que les femmes (porteuses de XX) font partie des métaux que l'on dépose à la porte du Temple, que leur éviction est une condition de la sérénité du travail maçonnique, et qu'on n'accède à l'humanité que là où elles sont absentes. C'est une manière aussi de se mépriser soi-même en s'identifiant mécaniquement à une obligation de virilité encombrante.

Mais une fois cette apaisante épuration accomplie en préservant l'assemblée de la présence de quiconque porte une paire de chromosomes XX, que faire des hommes qui, bien que porteurs de la paire XY, émeuvent d'autres hommes ou sont émus par d'autres hommes ? D'ailleurs, pourquoi se priver de la présence (inoffensive ?) des femmes qui émeuvent d'autres femmes ou qui sont émues par d'autres femmes, ou encore - pour poursuivre comiquement la série - des ménopausées que certaines sociétés primitives promouvaient jadis à un statut viril ?
J'espère ici que
Jean-François Rémond sera d'accord avec moi : la question érotique comme question critique est effectivement dans ces cas à mettre d'urgence à l'ordre du jour... soutenue par la lecture de quelques grandes oeuvres littéraires et de quelques grandes oeuvres de sciences humaines attestant que la sexualité humaine c'est toute une histoire et non une mécanique.


7 - L'homosexuation comme "identité" et comme harmonie congédie la concorde, la sexualité, et la singularité

Reste, finalement, un seul argument en faveur de la non-mixité et il est particulier : "Je souhaitais garder le visage singulier de ma Loge, en garder l'identité" ; "il s'agissait d'en continuer l'identité", et adopter le principe de la mixité eût été "en fonder une autre". Cet argument me plonge dans la perplexité. L'identité d'une loge maçonnique est-elle à ce point fixe et immuable que l'entrée d'un nouveau membre, quel que soit son sexe, ne la modifie pas, ne la remet pas en question et ne l'oblige pas à un travail sur elle-même ? Ou cette identité doit-elle être à ce point chérie que tout nouveau membre, pour ne pas en menacer la stabilité, doive être formaté, "pierre taillée" satisfaisant un prérequis biologique fixe et prenant sa juste place dans un plan exempt de trouble ? Je ne parviens pas à souscrire à cet idéal ronronnant d'harmonie préétablie, à laquelle, comme je l'ai déjà dit, je préfère la concorde comme création critique continuée.

La préservation de l'identité sexuelle, présentée comme recours devant l'effacement des différences, ne se retourne-t-elle pas en une demande d'homogénéité identificatoire purement adventice (tous porteurs de XY!) qui s'interdit d'accueillir bien des singularités, ne voyant en elles que l'hétérogénéité tout aussi adventice (porteuses de XX) qu'on a déjà décidé d'exclure, et formant du même coup une deuxième communauté identificatoire par un alignement analogue ? Comment peut-on souscrire à cette confusion entre sexuation biologique fixe et sexualité humaine polymorphe, variable, travaillée qu'elle est par le symbolisme ? Comment surtout peut-on en faire un critère d'admission et d'exclusion dans une association essentiellement "philosophique, humaniste et progressive" ?
Et alors, par ces collections homosexuées promues comme singularités du seul fait de leur homogénéité sexuelle, n'est-ce pas, avec la sexualité humaine et au-delà d'elle, toute singularité individuelle dans son principe qui est congédiée et menacée - "ce droit d'être comme ne sont pas les autres" que j'ai tenté de penser en d'autres lieux, qui comprend entre autres le droit pour un homme d'être différent des autres hommes et aussi, on l'oublie trop souvent (préalable n° 4), le droit pour une femme d'être différente des autres femmes ?

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© Catherine Kintzler, 2009

Lire les articles précédents du même dossier :
I - Le GODF franchit le mur du ç... (par C. Kintzler)
II - Le GODF et la mixité : à propos de quelques tartufferies progressistes (par J.-F. Rémond)


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commentaires

H
<br /> <br /> Reste cette question. Ya t il égalité des citoyens et yennes, devant la loi. Puisque désormais "le grand orient ne reconnait plus de distinction de sexes", faut il également forcer les autres<br /> obédiences (GLF, GLNF) sans oublier la GLFF qu'on doit contraindre à initier et affilier des frères? A moins qu'on reconnaisse un droit spécifique aux femmes, dénié aux hommes, peut etre en<br /> compensation de l'oppression millénaire subie? Est ce que seules les associations lesbiennes peuvent se revendiquer sans probleme "non mixtes"? A prendre cette question par tous les arguments,<br /> passionnants, mais tous oiseux au bout du compte, tels que ceux échangés depuis vingt ans sur le sujet, on n'a pas traité la question sous l'angle du DROIT. Et c'est de ne l'avoir pas traitée<br /> ainsi qui a permis à quelques loges d'initier de façon "sauvage" des femmes, au mépris de l'accord tacite mais non écrit qui existait jadis entre les membres. De nombreux adversaires de la<br /> masculinité font planer la menace de plaintes aux tribunaux "profanes", de saisine de la halde, etc, et de la garantie d'être alors "punis" pour ségrégation, s'ils affirment la masculinité de<br /> leur loge (quelles que soient les raisons de leurs décisions, qui renverraient à leurs choix intimes). Soit. Mais alors à qui puis je m'adresser pour m'affilier à la GLFF, où quitte à être dans<br /> la modernité, j'adorerai à mon tour faire "tomber une citadelle sexiste".<br /> <br /> <br /> J'ai été frappé par un de vos arguments, Catherine. Vous vous étonnez qu'une loge puisse vouloir demeurer fidèle à sa tradition, et estimez que c'est un critère discutable. Certes, il l'est. Mais<br /> il ne regarde au fond que ses membres. Un peu comme si vous accusiez un hétérosexuel de discrimination parce qu'il refuserait de changer de registre, et que la question de la "préférence" serait<br /> discutable. Elle ne lui en appartiendrait pas moins, puisque relevant de son "intime". Je maintiens qu'une loge est un lieu d'expression de l'intime "collectif" des membres, qui ont tout de même<br /> le droit de décider et affirmer leur liberté à se retrouver dans les conditions qu'ils souhaitent. Après tout, ce sont "aussi" des cochons (et cochonnes) de payants.<br /> <br /> <br /> Au nom de la liberté, imposer la restriction des choix. Voilà un paradoxe de plus du bobofascisme triomphant...<br /> <br /> <br /> Bien à vous, catherine.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> A ma connaissance, une association peut parfaitement être non-mixte : mais il faut que cela figure dans ses statuts de manière claire. On n'imagine pas, par exemple, de "forcer à la mixité" des<br /> équipes sportives...<br /> <br /> <br /> Le problème avec le Grand Orient de France, c'est que rien dans ses statuts ne signale qu'il s'agit d'une association unisexe : les statuts sont muets sur la question. Cest précisément sur ce<br /> silence que la justice maçonnique s'est prononcée en disant que rien ne s'oppose à l'admission de femmes. Je rappelle que les femmes sont admises à l'Académie française sur le même motif de<br /> silence.<br /> <br /> <br /> Deuxièmement, il faut dire et répéter que le GODF n'a jamais été "forcé à la mixité" : c'est la liberté des loges qui a été réclamée, et accordée<br /> par le Convent 2010. Il appartient donc à chaque Loge de décider si elle usera ou non de la liberté d'examiner les candidatures féminines. Le paradoxe dont vous faites état n'existe donc pas :<br /> une loge du GO pourra très bien décider de n'admettre que des hommes (ou que des femmes... !). Il ne faut pas confondre mixité et liberté des loges. La mixité consisterait à être obligé<br /> d'examiner les candidatures indépendamment de leur sexe ; la liberté consiste à être libre d'examiner les candidatures sans avoir égard à leur sexe ; on peut user d'une liberté, et on peut aussi<br /> ne pas en user.<br /> <br /> <br /> Je vous renvoie sur ce sujet de la liberté des loges à deux autres articles : Mixité ? Non ! liberté des loges par C. Arambourou et Admission des femmes : marche arrière par haine de la liberté ?<br /> <br /> <br /> Pour les autres obédiences dont vous parlez, il faut regarder si elles indiquent clairement dans leurs statut le caractère unisexué. Si c'est le cas, elles ne sont pas du tout devant le problème<br /> juridique qu'a rencontré et résolu le GODF. Mais elles sont effectivement devant un problème social et face à l'opinion. C'est leur problème... !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Claude Amiel conteste mon expression de "structure fédérative" du GODF. Comme elle est à la base de l'argumentation sur la liberté des Loges, j'y reviens ici.<br /> Qu'est-ce qu'une fédération ? C'est une "association d'associations" : ainsi une fédération sportive se compose de clubs, eux-mêmes associatifs. Que disent les statuts du GODF ? Qu'il est une<br /> association de Loges, elles mêmes composées de francs-maçons adhérant à ses statuts. Qu'est-ce qu'une Loge ? Depuis une décision conventuelle de 2007 (non intégrée dans les statuts, mais ne<br /> les remettant pas en cause, et à caractère obligatoire), les Loges doivent être déclarées comme associations loi de 1901. Donc, depuis septembre 2007, le GODF est bien une "fédération" de<br /> Loges.<br /> C'est précisément ce qui permet de combiner à la fois liberté d'initier et diversité des parcours "initiatiques".<br /> Ajoutons que nul ne peut être franc-maçon du GODF s'il n'appartient pas à une Loge, et que les Loge ont le "monopole" de l'initiation et de l'ensemble du  "parcours<br /> maçonnique" des Francs-Maçons du GODF. Ce qui signifie qu'en droit, elles jouissent de la liberté d'initier toute personne répondant aux seuls<br /> critères posés par les statuts "fédéraux" (donc sans considération de genre). Pour autant, l'assentiment général de l'association à ses propres statuts n'est pas encore acquis dans les consciences,<br /> comme on l'a vu au Convent 2009...<br /> C'est l'initiation par une Loge (et elle seule) qui confère la qualité de "franc-maçon du GODF", et emporte l'inscription sur les registres de<br /> l'association. Le Conseil de l'Ordre du GODF ne peut faire autrement, dès lors qu'il a reconnu les initiations de 6 Soeurs en 2008, que de les inscrire "administrativement". C'est du moins ce que<br /> "raison et fraternité" recommandent.<br /> <br /> <br />
C
<br /> K. pose deux questions "simples", dont les réponses se trouvent dans les statuts mêmes du GODF, comme je vais essayer de le montrer.<br /> <br /> "1) - sur le plan légal, le GODF peut-il rester une association dont les membres sont exclusivement des hommes?"Les lois (de la<br /> République) n'interdisent en rien de constituer une association d'hommes : la GLDF, par exemple, est masculine, comme inscrit dans ses statuts. C'est l'application du principe de<br /> liberté associative (principe fondamental reconnu par les lois de la République). Ainsi, l'art. 225-3 du Code pénal exclut de la qualification de discriminations (sanctionnées par l'art.<br /> 223-2) les différences (y compris de genre) posées par des statuts associatifs.<br /> Mais les lois de la République disent aussi que, dans une association (contrat légalement formé), les statuts sont la loi des parties. Or les<br /> statuts du GODF ne prescrivent aucune condition de genre à la candidature et à l'admission (articles 76 et suivants du Règlement général valant<br /> statuts). Le GODF n'a jamais été une association statutairement "masculine" -au moins depuis 1913, voire 1849 !<br /> Conclusion : il n'y avait rien d'illégal à ce que le GODF, de fait, "reste une association d'hommes" : l'entrée des femmes n'y<br /> était pas obligatoire, contrairement à ce qu'impliquerait une association "mixte". Mais les Loges ont toujours pu, de droit, initier des femmes<br /> : le Conseil de l'Ordre les en empêchait "de fait" . En 2008, pour la première fois, le Conseil de l'Ordre a délivré la réponse statutairement nécessaire à ces initiations (tout en contestant<br /> d'ailleurs leur opportunité), qui sont désormais reconnues par le Grand Maître du GODF. Le GODF n'a pas changé de nature, il reste une association indifférente au genre, donc comportant des Soeurs,<br /> puisque certaines Loges l'ont souverainement et légalement décidé.<br /> <br /> 2) - si, oui, peut-on philosophiquement, dénier à ses membres la volonté de maintenir cette règle qu'ils se donnent collectivement et démocratiquement?"La loi des parties étant<br /> constituée par les statuts, aucune décision ne peut leur être opposée, ni de l'exécutif, ni même de l'assemblée générale (sauf à modifier les statuts en y introduisant la masculinité, ce qu'elle s'est toujours refusée à faire, en<br /> 2009 encore !).<br /> Je reformulerai donc ainsi la question : peut-on philosophiquement, et légalement, dénier le droit à des Loges membres d'une association indifférente au genre, le droit d'initier<br /> des femmes ? Non, évidemment.<br /> J'ajoute : on ne peut pas davantage, dans une telle association, dénier le droit à certaines Loges de ne recevoir que des hommes, dès lors qu'ils n'imposent pas cette "règle" particulière à<br /> l'ensemble de l'Obédience.<br /> C'est donc à bon droit que K. était favorable à la liberté d'initier.<br /> <br /> <br />
C
<br /> Voici la fin de mon commentaire, merci de l'avoir publié.<br /> <br /> Voici l’article 24 de nos statuts, clef de voute d’une organisation obédientielle volontaire garantissant le respect de l'identité et de la singularité de chacune d'entre elles (auquel je<br /> suis très attaché sur le principe d’une loge/une voix) : « Les Francs-Maçons du Grand Orient de France se réunissent en groupes travaillant aux grades d'Apprenti, de<br /> Compagnon et de Maître. Chaque groupe constitue l'Atelier bleu ou symbolique fondamental, dénommé Loge, qui initie et permet exclusivement de participer à la vie maçonnique.».  Nous pourrions plus simplement garantir la liberté et la pluralité des choix de chaque loge en y ajoutant « Il peut être mixte, féminin ou masculin. ». Nous ne sommes pas ici dans une construction confédérale mais dans une<br /> organisation qui bien sûr ne transige pas sur le principe de l'unité du GODF. Et c'est bien dans cette unité obédientielle que le respect de la diversité, la tolérance<br /> et la concorde sont un art de vivre, une civilité.<br /> <br /> <br /> Cordialement.<br /> <br /> <br /> Claude Amiel. Membre d’une des cinq loges ayant coopté puis initié une femme.<br /> <br /> <br />  (1) Je ne peux reprendre ici toutes les discussions sur  la nature des statuts ni sur l’idée ou l’imaginaire d’un contrat fédéral originel <br /> mais pour répondre, dans ce cas, à votre question "que disent les statuts ?" pour celles et ceux qui pratiquent le RG, base juridique de notre association, une seule question : où parle-t-on<br /> de fédération de loges, de pacte fédéral, de constitution fédérale du GODF ?<br /> <br /> <br />  (2) C’est l’expression de la double fonction de la loge : initiatique et symbolique pour une part et pour l’autre part délibérative et<br /> démocratique. Sinon l’organisation est simplement représentative : un délégué par loge. La loge n’existe que par cette organisation. L’article 24 est très distancié dans sa rédaction.<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Je pense que vous avez raison, nous sommes au GODF face à un refus de « ce que seraient les femmes en tant que telles », à la fois comme différentes biologiquement et/ou<br /> culturellement. Ce qui mérite entièrement votre billet d’humeur.<br /> <br /> <br /> Mais reste une résistance de taille, à l’assemblée générale 2009 les membres du GODF n’ont pu assumer le refus solennel de la mixité en déclarant l’obédience masculine et en tirant de ce<br /> vote les conséquences modificatrices des statuts. Malgré cette incapacité à assumer ce refus de la mixité, son inscription juridique certes mais plus encore publique et sociale -aujourd'hui dans<br /> la société française-, un certain nombre de francs-maçons du GO se refuse à travailler en loge avec des femmes sans pour cela être irréductiblement contre une évolution obédientielle.  Voilà<br /> ce qui me paraît être le dilemme cornélien que vit une majorité qui pourtant, je le pense, partage votre point de vue sur la mixité comme principe.<br /> <br /> <br /> Cela fait quelques années que je souhaite voir accepter la mixité ; c'est-à-dire, très précisément, l’entrée des femmes comme membres de plein droit de l’association loi de 1901 :<br /> le GODF.<br /> <br /> <br /> De ce point de vue, la stratégie de la liberté des loges me paraît reposer sur une occultation du réel concernant la structure juridique de l'obédience. Le Grand Orient est une seule et<br /> unique association et ses membres sont adhérents à l’association. L’adhésion est une adhésion au GODF, elle est individuelle. La création d’une loge dépend uniquement de l’obédience et<br /> l’autonomie de celle-ci reste dans le cadre du règlement obédientiel  qui définit ses droits et devoirs dont ceux de coopter ses membres et de collecter les cotisations. (1)<br /> <br /> <br /> Soumettre le principe de la mixité à une stratégie finalement insincère (certainement pas sciemment mais je n’arrive toujours pas à comprendre comment la réalité peut être aussi massivement<br /> occultée) c’est se confronter à une contradiction insurmontable dès lors que c’est la liberté des loges et non l’entrée des femmes dans l’association qui devient la ligne stratégique puis le<br /> sujet du vote. Refoulant ainsi la question que pourtant nul n’ignore et qui détermine tous les choix y compris celui de biaiser sur, justement, un vote sur la liberté de chaque loge à initier ou<br /> pas des femmes. Cette exaltation de la souveraineté de loge libre joue  malheureusement sur un pseudo individualisme triomphant propre à l'époque. Si je faisais une comparaison ce serait<br /> avec l'imaginaire social-historique dominant du néo-libéralisme: les droits individuels sont l'apanage de l'individu en tant que tel et absolument pas la conséquence de droits politiques reconnus<br /> à chaque être humain. A l’instar des libertés individuelles qui ne seraient plus la conséquence des libertés publiques, la liberté des loges ne serait pas la conséquence d'une organisation<br /> obédientielle volontaire, portant des valeurs et des principes reconnus par tous et garantissant le respect de l'identité et de la singularité de chacune d'entre elles.<br /> <br /> <br /> La mixité ne s’oppose en rien à la liberté des loges car elle lui est un principe supérieur. C’est un principe organisateur que la majorité d’entre nous partage.<br /> <br /> <br /> L’organisation interne du GODF en loges est un type d’organisation qui répond aux spécificités maçonniques (2.) Et c’est bien dans ce cadre<br /> que «  les Francs-Maçons ayant adhéré à sa Constitution et aux présents statuts portant Règlement Général de l'Ordre. » organisent leur vie associative. Autrement dit, j’insiste<br /> sur ce point car il est essentiel, la question de la mixité se pose à ce niveau : c'est-à-dire, très précisément, l’entrée des femmes comme membres de plein droit de l’association loi de<br /> 1901 : le GODF. <br /> <br /> <br /> Les questions d’égalité de droits, de libre circulation dans l’association, de non discrimination à l’entrée dans l’association sont posées dans le cadre du droit associatif et non dans le<br /> cadre de l’initiation ou d’une liberté/souveraineté des loges en raison d’une structure fédérative dont jamais on ne peut établir l’existence  juridique, la simple lecture des statuts suffit<br /> d’ailleurs à s’en rendre compte.<br /> <br /> <br /> Voici l’article 24 de nos statuts, clef de voute d’une organisation obédientielle volontaire garantissant le respect de l'identité et de la singularité de chacune d'entre elles (auquel je<br /> suis très attaché sur le principe d’une loge/une voix) : « Les Francs-Maçons du Grand Orient de France se réunissent en groupes travaillant aux grades d'Apprenti, de<br /> Compagnon et de Maître. Chaque groupe constitue l'Atelier bleu ou symbolique fondamental, dénommé Loge, qui initie e<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> C'est dommage que votre texte soit interrompu... sans doute un pb technique. Ce serait bien d'avoir la suite !<br /> <br /> Je suis bien d'accord sur le caractère fondamental de la question de la mixité et c'est par elle que j'ai voulu d'abord lancer le débat. J'ai compris que celle de la liberté des Loges est une<br /> approche stratégique qui aurait néanmoins permis au GODF de sortir de ce mauvais pas sans dommages.. Voir l'analyse de Charles Arambourou sur ce point.<br /> <br /> Votre intervention me semble très utile pour alimenter le dossier ; je vais la signaler à Charles Arambourou qui est bien plus compétent que moi sur ces questions statutaires.<br /> <br /> <br />
K
<br /> Quelques réflexions pour nourrir ce débat, qui, au-delà des caricatures et effets de styles du billet initial, s'est effectivement élevé en des hautes sphères autrement plus passionnantes.<br /> <br /> Et une remarque préalable, j'ai apprécié l'une et l'autre des argumentations développées par les deux contradicteurs. Et de manière assez curieuse, j'en partage certaines des conclusions, de l'un<br /> comme de l'autre. Mais la symbolique maçonnique ne nous enseigne t-elle pas que, à l'instar du pavé mosaïque, la vérité, si vérité il y a, se situe sans doute quelque part dans les interstices<br /> entre carrés blancs et carrés noirs...<br /> <br /> Le débat se focalise sur la question de la mixité et, son corollaire, celle de l'identité féminine, et quelle identité, comme critère de "discrimination". Or, malgré l'immense intérêt de cette<br /> réflexion, il me semble que nous nous trompons de débat si nous le plaçons sur ce plan. Je m'explique.<br /> <br /> Quelle était la question posée aux francs-maçons du GODF? L'initiation des femmes, étant entendu que, comme je partage totalement vos développements Mezetulle sur la complexité de l'identité<br /> féminine, il faut bien de fait retenir comme caractérisation de l'identité féminine le caractère sexuel, faute de mieux dans ce cas précis, soit identifier les femmes aux porteuses de nichons (ce<br /> qui ne ravirait pas au passage celles qui, à l'instar de Jane Birkin, ne sont guère encombrées par cet attribut "féminin"). La mixité n'était qu'une conséquence pratique et prospective de la<br /> réponse positive à cette question.<br /> <br /> Il se trouve qu'à ce jour, le GODF est une association loi 1901 qui n'initie pas les femmes. De deux choses l'une: ou bien le GODF est hors la loi et dans ce cas là, le débat démocratique est nul<br /> et non avenu puisque c'est une pure question juridique qui doit être traitée par la justice profane. Ou bien nous sommes effectivement dans un débat libre et démocratique entre adhérents d'une<br /> association sur une règle d'acceptation de membre à la dite association. Dans le cadre de ces débats, des arguments raisonnés (bon, je vous l'accorde, parfois sont nous sortions du domaine du<br /> rationnel, ce qui n'est pas le cas dans ce blog) présentés par les tenants des deux positions. Bien évidemment, ces arguments sont irréconciliables, mais c'est bien tout le sens du débat<br /> démocratique, sauf à considérer qu'il y a une vérité chez les uns et un égarement de la raison chez les autres. Des arguments portent des deux côtés et le scrutin, démocratique, a rendu son<br /> verdict. Fermez le ban! Le GODF n'initiera pas les femmes. CE débat est clos.<br /> <br /> Mais, et c'est là où les arguments échangés par nos deux "adversaires" prennent parfois un tour quelque peu surréaliste, il se trouve que dans les faits, le GODF EST mixte. Car enfin, n'accepte<br /> t-il pas les soeurs dans les tenues? Ne peuvent-elles pas participer aux débats? Y compris d'ailleurs aux débats sur la mixité? Sont-elles exclues de la chaîne d'union? Ne participent-elles pas à<br /> égalité avec les frères à la recherche de la concorde universelle? Et enfin, pour élargir plus encore, la Franc-Maçonnerie Universelle, cad inter-obédentielle, n'est-elle pas mixte? Toutes les<br /> questions que vous soulevez Mezetulle, sur l'altérité érotique et ses conséquences pratiques, y compris dans leurs concrétisations les plus triviales, sont aujourd'hui déjà présentes en loge. Elles<br /> ne sont ni évacuées ni niées.<br /> <br /> J'ajouterai que, puisqu'il existe des obédiences féminines, masculines et mixtes, tout maçon ou tout profane peut faire son choix en connaissance de cause et en fonction de ses préférences<br /> philosophiques, ou sexuelles d'ailleurs! Celui qui a frappé à la porte d'un temple du GODF savait pertinent qu'il entrait dans une obédience qui n'initiait pas les femmes. Cela faisait en quelque<br /> sorte partie du contrat moral auquel l'on s'engage. Si cela ne lui convient pas, libre à lui de s'affilier à une obédience mixte, plus en accord avec ses conceptions philosophiques. N'est-ce pas en<br /> quelque sorte un reniement que de vouloir l'initiation des femmes, pour un franc-maçon qui a été initié dans une obédience masculine? Je pose la question.<br /> <br /> Ainsi, et pour conclure, la question peut se résumer très simplement:<br /> - sur le plan légal, le GODF peut-il rester une association dont les membres sont exclusivement des hommes?<br /> - si, oui, peut-on philosophiquement, dénier à ses membres la volonté de maintenir cette règle qu'ils se donnent collectivement et démocratiquement?<br /> <br /> Dernier point: j'étais personnellement favorable à la solution de laisser la liberté à chaque loge, puisque le GODF n'est in fine qu'une fédération de loges souveraines, de décider d'accepter ou<br /> non d'initier des femmes.<br /> <br /> <br />
M
<br /> Merci pour votre réflexion très nuancée.<br /> <br /> Vous reprenez l'idée d'une "identité féminine", mais j'ai aussi soulevé l'hypothèse que la "féminité" pourrait bien être un fantasme projeté sur les femmes... et j'ai évoqué une réalité, à savoir<br /> que bien des femmes ont horreur de cette féminité (la réciproque est probablement vraie pour les hommes et la "virilité"). Reste donc, purement et simplement, comme motif d'exclusion, le seul<br /> critère biologique : les porteuses de XX sont a priori exclues d'une association à caractère philosophique. Je dis bien exclues car sur ce seul critère elles ne peuvent<br /> en devenir membres de plein statut. On peut tourner autour du pot tant qu'on voudra ("elles sont reçues, on discute avec elles", bien sûr, et je ne suis pas la dernière à aller rendre<br /> visite aux FF du GODF qui reçoivent les femmes !), mais c'est tout de même ainsi : les porteuses de XX, a priori et sur ce seul critère, ne sont pas admissibles de plein statut.<br /> C'est quand même très simple ?<br /> <br /> Non, le GODF n'est pas mixte ! La mixité ne consiste pas à réunir des assemblées "multi-machin" avec tant pour cent de femmes, tant pour cent d'hommes, tant pour cent de grands, tant pour cent de<br /> petits, etc., elle consiste à dire : il est interdit d'interdire l'accès à telle ou telle association sur seul critère biologique (en l'occurrence il s'agit d'une paire de chromosomes). La décision<br /> du Convent refuse clairement ce principe et se prononce donc en faveur d'un principe de distinction biologique pour l'accès à l'association. Le pb est qu'il s'agit d'une association<br /> philosophique.... qui ne requiert aucune aptitude physique, morphologique ou biologique particulière. Mais au fait, que disent les statuts ? Disent-ils seulement quelque chose sur ce point précis<br /> ?<br /> <br /> Lorsque vous évoquez la possibilité pour chaque Loge de se prononcer sur la mixité, je trouve effectivement que ce serait une bonne chose qui permettrait de concilier les principes et les<br /> préférences particulières de tel ou tel groupe et qui permettrait au GO de se sortir de ce mauvais pas de manière honorable. Mais le récent convent du GODF en a décidé autrement, démocratiquement !<br /> Mais au fait, que disent les statuts ?<br /> <br /> Je ne doute pas que les questions érotiques et celle de l'altérité en particulier soient posées de manière critique et rationnelle en Loge. Mais si elles sont posées comme questions, de<br /> manière critique et rationnelle, pourquoi faudrait-il tenir que les oreilles des femmes (ou réciproquement celles des hommes) ne peuvent les entendre ? Mais j'ai déjà dit cela dans mon article.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />

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