3 juillet 1970 5 03 /07 /juillet /1970 10:25
L'école sabbatique
Réflexions sur la "libération" du samedi matin

par Tristan Béal

En ligne le 3 septembre 2008

La suppression de l’école le samedi matin n’est pas seulement un prétexte pour rendre les enfants à la vie familiale : avec l’aumône de deux heures de « soutien » aux « élèves en difficulté » (dont le dispositif est pour le moins problématique), elle poursuit l’abolition des vacances scolaires au profit d’une vacance générale de l’école.

Selon le ministre de l’Education nationale, X. Darcos, il était jusqu’à présent passablement fâcheux que, par exemple, des cousins de Neuilly et de Paris n’aient jamais l’occasion de se voir le week-end, sous prétexte qu’ils n’avaient jamais en même temps leur samedi "libéré" (1). Dont acte : supprimons le samedi travaillé !
Jusque-là rien à redire : comment ne pas souscrire à une mesure destinée à faciliter la vie de famille – et accessoirement celle du professeur des écoles (2) ?… A part effectivement quelques esprits chagrins qui ont soudain pensé : "Et dans les communes où le samedi travaillé permet aux enfants de ne pas rester chez eux à s’ahurir devant la télévision au sein d’une famille où règne une violence latente, en tout cas un mal-être ?"
Voici donc nos deux cousins (de Paris et de Neuilly) libres de partir gaiement à Deauville pour un week-end marin bien mérité.

Sauf que le ministre des longs week-ends s’est peut-être senti tout honteux : "N’allez pas croire que nous n’ayons pas souci des élèves, et tout particulièrement des élèves en difficulté…" Et voici le tour de passe-passe : ce qui au départ n’était qu’une mesure ad hoc destinée à faciliter la vie des riches est présentée à l’opinion comme une mesure visant expressément à aider le faible (3). Pendant que les deux cousins sus-cités iront batifoler sur le sable deauvillais, les nuls, eux, iront en classe pour y comprendre enfin ce qu’ils n’auront pu comprendre les quatre jours précédents (ce que l’on aura tout fait pour qu’ils ne comprennent pas durant les quatre jours précédents).

C’est la même logique à l’œuvre dans les stages dits "Darcos" des vacances de printemps et d’été : inculquer aux pauvres dès leur plus jeune âge que le loisir leur est tout à fait interdit. De même qu’enfants ils auront passé tout leur temps à se laisser peu à peu insidieusement décérébrer par un divertissement institutionnalisé, ainsi, adultes, ils accepteront plus facilement de peiner sang et eau pour gagner ce petit plus qui leur permettra de survivre petitement.
La suppression du samedi matin est donc d’une honte et d’un mépris sans fard !

Que signifie cette aumône de deux heures aux faibles ? Pourquoi, comment serait-il possible de faire en deux heures ce que l’institution interdit de faire pendant vingt-quatre heures du lundi au vendredi : instruire ?!? Pourquoi, de quel droit priver les faibles de trois semaines de vacances (4) ? Et que l’on ne dise pas qu’alors l’école donne aux pauvres ce que les riches se paient par l’intermédiaire d’officines privées ! En outre, et ce que le gouvernement cache bien à l’opinion, c’est que l’organisation de ces prétendues deux heures s’annonce un joyeux capharnaüm (5) : va-t-on faire venir les faibles le samedi matin ? le mercredi matin ? Peut-on les y contraindre, eux et leur famille (6) ? Ou bien, le professeur des écoles anorexique fera-t-il classe sur le temps du midi à des faibles nourris sous perfusion ou au lance-pierre ? Ou bien encore, après la classe, mais alors le professeur des écoles impécunieux qui fait des études pour gagner plus du coup gagnera moins…

Et que dire de l’appellation sinon frauduleuse du moins particulièrement insidieuse d’aide personnalisée ? Qui rapidement n’y verrait pas la généreuse proposition d’un tutorat institutionnalisé ? Or que non. Jamais un élève ne sera seul dans une classe avec son maître. Ce qui aura lieu, en revanche, ce sera une coexistence d’au maximum 6 élèves monades qui recevront chacun à tour de rôle (à concurrence de deux heures au plus par semaine) l’aide individualisée d’un instituteur fragmenté. A moins de constituer ce que l’on appelle des groupes de besoin (tout restant ouvert, le décret du 15 mai étant fort vague et déléguant superbement la décision à des maîtres et des inspections de circonscription qui n’en peuvent déjà mais) : réunir des élèves de différentes classes rencontrant ponctuellement la même difficulté scolaire.

Reconnaissons-le : d’une certaine façon, le stage que certains élèves ont suivi lors des dernières vacances de printemps et d'été est une réussite. Enfin, des élèves qui jusqu’à présent étaient noyés tout autant dans la masse de leur classe que dans la profusion des savoirs à eux enseignés, enfin ces égarés de l’Education nationale ont pu pendant cinq matinées successives avoir un enseignant presque particulier. Pour une fois (et nombreux sont de tels témoignages) ils ont eu l’impression d’exister en tant qu’élèves (bien qu’entendant leurs camarades des centres de loisirs jouer gaiement sous les fenêtres de leurs classes de vacances (7)), ils ont eu tout simplement le plaisir d’être considérés !

Autrement dit, le ministre de l’école sabbatique devrait aller jusqu’au bout de sa logique : faire tout le long de l’année scolaire des classes à très petits effectifs où l’instituteur pourrait instruire ses élèves au lieu de les divertir et/ou de les mâter. Et là, je crois, on aurait vraiment souci des pauvres, des faibles !
Et du même coup on aurait également souci des forts !

© Tristan Béal et Mezetulle,  2008

Voir les autres articles du même auteur.

Notes

 1 - Dans une interview donnée au journal Le Parisien datée du lundi 3 septembre 2007 : « A Paris par exemple, dans les écoles, la règle est d'avoir cours un samedi sur deux. Ce n'est pas forcément idéal pour la vie familiale, pour les inscriptions aux sports et les autres activités. On pourrait donc envisager de supprimer les cours le samedi matin. Je viens d'en discuter avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Mais en même temps, il ne faut pas que les enfants dont les familles ne partent pas en week-end soient livrés à eux-mêmes. On pourrait imaginer que les écoles restent ouvertes et qu'on puisse proposer, en lien avec la ville, des activités sportives et d'éveil. » (Nous soulignons.)

2 -  Les instituteurs ont vite déchanté. Au début, naïvement, certains se sont dit : « C'est une façon de nous augmenter sans le faire : nous serons payés autant mais travaillerons moins... » Puis, le cheval de Troie de la pédagogie moralisante de soutien s'avançant de plus en plus, ils ont vite compris qu'ils devraient travailler autant et pas comme ils le souhaitaient, c'est-à-dire librement. Ainsi, des 60 heures de soutien individualisé, il se dit que l'on pourrait en enlever 10 pour préparer les 50 autres heures ; sauf que cette préparation, loin d'être menée librement chez soi, devrait se faire en groupe dans l'école. Autrement dit, il faut assigner l'instituteur : il ne doit plus quitter son école. On ne sait jamais, il pourrait lui prendre l'idée saugrenue de travailler solitairement pour lui-même, et du coup pour ses élèves.

3 -  Il faut attendre la fin du mois de septembre 2007 pour qu’apparaisse, sur le site internet de l’Education nationale, la référence "morale" aux mauvais élèves que l’on va aider grâce à la suppression du samedi matin : « Les heures de cours du samedi matin, ainsi libérées, ne seront pas perdues : elles seront réemployées à d’autres moments pour permettre un accompagnement personnalisé, en petits groupes, des élèves en difficulté. » (voir sur le site du Ministère).

4 - Les stages ont lieu la première semaine des vacances de printemps et les première et dernière semaines des vacances d’été. Ainsi, en cette paisible année 2008, dans une commune respectant le calendrier dit des 4 jours, certains élèves ont terminé la classe le mercredi 23 avril à 11 h45 et ont commencé dès le lendemain leur stage matinal et cela jusqu’au mercredi 30 avril ; leur est donc resté comme journée pleine de vacances le vendredi 2 mai (je ne compte pas les deux week-ends qui de droit sont des jours de repos et encore moins le 1er mai). Conclusion : des élèves en difficulté, donc peu enclins souvent à continuer d’user leur fond de culotte sur les bancs de l’école honnie, n’ont eu qu’une seule journée pleine de vacances. Une chose au moins qu’ils auront apprise : ne pas avoir besoin de beaucoup de vacances avant de "reprendre le collier". A défaut d’être devenus de bons élèves, au moins seront-ils devenus de futures bonnes bêtes de somme que le patronat ne cesse de demander à notre gouvernement négrier !

5 -  Surtout quand on sait que ces deux heures sont tout à fait gonflées. La suppression du samedi matin libère 106 heures. Jusqu’à maintenant, dans ces 106 heures, seules 60 heures étaient des heures de présence effective devant les élèves (sur 36 semaines de classe, seul 1/3 était travaillé pour les élèves ; les 2/3 restant étaient travaillés pour les enseignants : conseils des maîtres et/ou d’école, animations pédagogiques). Maintenant, depuis le Décret du 15 mai 2008 relatif à l’organisation et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires, il se dit dans certaines inspections académiques que, de ces 60 heures de présence devant les élèves faibles, on pourra en enlever 10 heures pour notre travail de préparation. Restent donc 50 heures. Mais, en ce moment, dans toutes les écoles de France, on tente de fragmenter ces heures le plus possible afin de les faire entrer dans la journée scolaire obligatoire de 6 heures. Autrement dit, parents d’élèves à la traîne, ne croyez pas que votre enfant sera suivi pendant deux heures pleines ; estimez-vous déjà heureux si l’on s’en occupe 1 heure continue ; et ne vous plaignez pas s’il s’agit de quarts d’heure ou de demi-heures par-ci par-là ! En tout cas, ce qui est certain, c’est que les week-ends deauvillais de nos deux cousins, eux, seront bien pris en continu… En outre, l’instauration de ces deux heures et leur organisation sont laissées à la discrétion des inspections de circonscription : « Art. 10-3. ― L'organisation générale de l'aide personnalisée prévue pour répondre aux besoins des élèves qui rencontrent des difficultés dans leurs apprentissages est arrêtée par l'inspecteur de l'éducation nationale de la circonscription sur proposition du conseil des maîtres. L'ensemble des dispositions retenues est inscrit dans le projet d'école […] » Décret du 15 mai 2008 relatif à l’organisation et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires. Après cela, il est certain que l’Education n’est plus nationale que par homonymie : elle est bien plutôt départementale, voire de circonscription.

6 - La réponse est non. Autrement dit, le maître propose et la famille dispose. Ce qui est tout à fait scandaleux ! Encore une fois, une telle disposition est menée dans le seul but de culpabiliser les familles et de dédouaner nos gouvernants méprisants… « Art. 10-3. ― […] Le maître de chaque classe dresse, après avoir recueilli l'accord des parents ou du représentant légal, la liste des élèves qui bénéficieront de l'aide personnalisée organisée pour répondre à leurs besoins spécifiques, dans la limite de deux heures par semaine. » Décret du 15 mai 2008 relatif à l’organisation et au fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires.

7- Remarquons incidemment que ces classes de vacances sont la preuve malgré elles de la vacance du savoir au sein des classes. C’est parce que l’institution interdit à l’instituteur d’enseigner le vrai et que le savoir est ainsi mis délibérément en vacance dans les salles de classe, qu’un ministre peut avoir l’idée honteuse d’instaurer des classes de vacances.

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commentaires

D
A la différence de T. Béal, je ne crois pas que de prime abord il y ait eu une telle visée destructrice du corps enseignant et de l'instruction dans la "libération" du samedi matin.Si M. Darcos a pareillement laissé les mairies se dépatouiller, c'est tout simplement peut-être pour une raison "territoriale" et non pas polémique : les écoles et le temps para-scolaire appartiennent aux mairies. C'est donc aux mairies de trouver des solutions. Prenons le problèmes à l'inverse : si M. Darcos avait imposé les modalités des heures de soutien, alors là il aurait eu contre lui – et de front – quasiment toutes les mairies et les enseignants. Avec sa manière que T. Béal qualifie d'« incurie », le ministre a dû s'incliner devant la réalité du terrain et les prérogatives des mairies : le droit de jouir de leurs locaux comme elles l'entendent et de réfléchir au choix de leur organisation (n'oublions pas que ce sont elles qui emploient les personnels de service, de gardiennage, de transport, d'étude...).Néanmoins, qu'après coup cette mesure et son application plus que farfelue puissent être utilisées comme « machine de déstabilisation », pourquoi pas...Autrement dit, je pense effectivement que T. Béal s'oublie dans sa position « obsidionale » au lieu de penser que peut-être le ministre de l'Education nationale est entouré d'incapables et de gens qui ne connaissent absolument pas la réalité du terrain et qui "pondent" des mesures sans en embrasser toutes les conséquences.Là où je le rejoins, c'est que cette incapacité qui est selon moi première peut entraîner des conséquences fort néfastes et pour le corps enseignant et pour les élèves, mais ces conséquences sont comme secondes.Bref, il n'y a pas, selon moi, de rouerie au ministère, mais l'impéritie qui y règne peut donner à certains des idées plus que malhonnêtes...
T
Réponse de Tristan Béal au commentaire n° 1 (reçue et postée par Mezetulle)******Madame,Tout d'abord, je vous prie de bien vouloir m'excuser de n'avoir pas répondu rapidement à votre salutaire commentaire : j'étais en week-end à Deauville. Preuve que des peu argentés peuvent se rendre en fin de semaine dans le 21e arrondissement de Paris. Ce qui tord le cou au début de cet article que vous qualifiez pêle-mêle d'antibourgeois primaire, d'égalitaire totalitaire et de sectaire.De toutes les façons, si telle est votre lecture, c'est que j'en suis responsable en quelque sorte et que j'ai péché par manque de clarté - et il ne s'agit là cette fois aucunement d'ironie, je vous assure.Je m'explique donc.En commençant par poser 2 prémisses.L'instruction, du point de vue des gouvernants, est dangereuse, tant pour le fils de bonne famille que pour le pauvre. Dans le premier cas, un petit bourgeois pourrait se rendre compte que le modèle défendu par sa famille est inhumain au sens propre, qu'il empêche l'advenue en lui de l'humanité comme jugement rassis et autonome, bref qu'il n'y a pas que l'économique qui prime. Pour le pauvre, l'instruction donne les moyens de lutter et de ne pas envier le riche.Si vous acceptez que l'instruction permet de se déprendre de ce qui nous tient parce que nous y tenons, il faut aussi que vous acceptiez cette seconde prémisse.Selon les gouvernants toujours, nous les gouvernés aimons l'instruction, surtout depuis que nous baignons tout jeunes dans la mystique démocratique qui nous fait accroire qu'en dernière instance c'est nous qui décidons, pauvres veaux. Partant, les gouvernants ne peuvent attaquer de front l'institution : aussi s'échinent-ils à en brocarder éhontément les serviteurs, c'est-à-dire les professeurs.Et l'on en arrive à la "libération" du samedi dans le primaire.Cette "libération" est un asservissement et une machine de guerre destinée à fustiger encore plus l'enseignant forcément paresseux.Je m'explique.Pour ce qui est de l'asservissement, je redirai encore ce que j'ai écrit dans l'article que vous commentez : sous des dehors magnanimes et munificents, cette mesure n'est destinée qu'à faire entrer dans la tête des pauvres qu'ils doivent travailler plus et avoir moins de loisir. Je maintiendrai encore qu'il est bien honteux que des élèves mauvais - et qui par accident peuvent être également pauvres -  puissent perdre jusqu'à trois semaines de vacances s'ils suivent les stages de printemps et d'été et travailler 60 heures de plus que leurs bons camarades s'ils viennent en soutien durant la semaine.Pour ce qui est du cheval de Troie, voici. Il faut savoir tout d'abord que les 60 heures consacrées au soutien sont le résultat d'un premier écrémage : normalement, nous devrions 72 heures, mais 12 heures nous ont été attribuées pour les travaux d'équipe et la relation avec les parents. En outre, ces 60 heures "libérées" pour certains et qui deviennent soutien pour d'autres sont à organiser comme l'entend chaque circonscription, voire chaque école. Certaines circonscriptions imposent un mode de fonctionnement, d'autres pas : latitude assez curieuse dans le cadre d'une République qui se dit une et indivisible. En ce moment, donc, dans les écoles de France, on est en train de faire subir aux deux heures hebdomadaires de soutien un véritable supplice digne du lit de Procuste. L'élève faible viendrait de 8 h00 à 8 h30 avant ses camarades, ou bien déjeunerait d'un complément repas pour dysphagiques avant de remonter en classe de 12 h30 à 13 h00 (toujours avant les autres, les bien nourris, ceux aux ventres proéminents, comme se l'imagine tout antibourgeois qui se respecte), ou bien encore n'irait pas à l'étude mais en soutien de 16 h30 à 17 h30. Il ne faut pas nous voiler la face et prétendre que nous ne tenons compte que de nos élèves lorsque nous proposons de tels créneaux (d'autant plus qu'il se dit chez les chercheurs que l'élève "renaît" à partir de 17 heures) ; nous décidons aussi en fonction de nos propres emplois du temps. Autrement dit, l'instituteur s'efface devant l'homme de tous les jours qu'il est aussi.Et c'est là que c'est sublime, et roué !Parce que l'Etat ne nous force à rien (comme auparavant pour les samedis où nous étions tenus d'être présents et de faire classe) et que nous décidons nous-mêmes de notre emploi du temps, c'est nous et nous seuls que l'on peut attaquer.« Comment, Monsieur ?!? Vous ne voulez pas prendre mon enfant de 16 h30 à 17 h30 sous prétexte que vous allez perdre de l'argent car vous ne ferez plus d'étude ; et du coup vous voulez unilatéralement le prendre tôt le matin alors qu'il n'aura pas encore digéré ses corn flakes ou le midi entre la poire et le fromage ?!? » - « Oui, Madame... », répondrait l'instituteur contrit et coupable d'avoir lui aussi une vie privée, voire des enfants.Du coup, inimitié croissante entre les parents et les maîtres ; inimitié tout à fait utile pour les gouvernants, qui vont prendre pour cible les instituteurs alors que par delà eux ce sera l'institution qu'ils attaqueront à coup de boutoir. Et les parents les y aideront à cœur joie, pensant sincèrement que ce seront les officiants qu'ils malmèneront et non l'école comme lieu de véritable libération.Cette "libération" du samedi est magnifique car elle permet à la France entière de faire le partage entre les bons enseignants - ceux qui sont rentrés à l'Education nationale comme l'on entrait autrefois dans les ordres, qui sont au service des parents, comme asservis - et les mauvais - qui ont une vie privée.Et cela marche. Si notre gouvernement, et M. Darcos en premier, avait vraiment souci des nuls, il n'aurait pas laissé toutes les circonscriptions et toutes les mairies de France et de Navarre se débrouiller. Si l'Etat ne s'occupe pas de cette question, c'est qu'il n'en a tout simplement cure, et qu'il veut s'en servir comme d'une arme de déstabilisation contre les enseignants.Je n'ai donc pas le sentiment de « cracher dans la soupe » : cet article est seulement le fait d'une vive et colérique déception.Avoir vraiment souci des faibles, de mon point de vue, serait de recruter drastiquement les enseignants (mais comment le faire quand l'enseignement depuis plus de 20 ans maintenant ne forme pour la plupart que des ignorants pleins de superbe), ne plus traiter les enseignants de fainéants et vouloir à tout prix les assigner (on ne travaille bien que chez soi ou dans une bibliothèque et non pas en résidence surveillée, celle-ci fût-elle la salle des maîtres),  permettre aux enseignants de se former à l'Université au lieu de les décérébrer lors d'animations pédagogiques, ne pas monter les parents et les maîtres les uns contre les autres en faisant des premiers des acteurs à part entière de la communauté éducative pouvant à l'envi revenir sur les décisions du maître (comme le redoublement, par exemple).Pour finir, et pour vous prouver toute l'incurie de nos gouvernants, sachez que M. Darcos n'a dans un premier temps supprimé les samedis que pour donner aux familles le loisir de « se retrouver » (une interview sur TF1 en fait foi) et, du coup, éviter à maints enfants de France (pauvres ou non, je vous l'accorde) d'avoir le loisir de penser.Supprimer deux heures de savoir par semaine, c'est digne d'un bandit de grand chemin, pour peu que l'on voie dans le savoir notre plus intime avoir, ce qui permet de nous rendre plus riches d'humanité.Supprimer ces deux heures de savoir, c'est digne d'un obscurantiste, pour peu que l'on pense que le savoir nous permet de voir le monde tel qu'il est au lieu d'être amusés de vaines et apeurantes apparences.Peut-être que maintenant vous qualifierez mon propos non plus de sectaire mais d'obsidional et verrez en moi non pas un épigone de Mme Royal mais une pauvre Cassandre. (Au fait, en passant, sachez que je ne saurais me reconnaître dans un parti qui a donné plus que la main à la destruction de l'école républicaine ; sachez que je ne saurais non plus me réclamer d'une personne qui voulait "fliquer" les professeurs en les assignant dans leur collège toute la journée durant au mépris d'une préparation de classe libérée.)J'espère avoir éclairci les quelques zones d'ombre qui peut-être persistaient dans l'article et avoir, si peu que ce soit, calmé votre courroux...A présent, je vous laisse : je dois défaire mes bagages...
H
Bonsoir,je trouve cet article d'une telle mauvaise foi que je ne puis m'empêcher d'intervenir.Mais voici toutefois quelques précisions avant de commencer :- je pense effectivement que l'on divertit aujourd'hui un peu trop les élèves, au lieu de les instruire, c'est à dire, d'abord en primaire, au lieu de leur apprendre correctement les fondamentaux (lecture, écriture, calcul) et en leur inculquant un minimum de discipline (savoir rester assis plus de dix secondes d'affilée etc.)- je pense également que l'instruction conçue comme telle, et non la garderie permettrait que moins d'élèves soient laissés "sur le carreau".Cela étant, cet article est choquant à plus d'un titre :- antibourgeoisisme primaire (Neuilly-Paris contre la banlieue)- amalgame entre les nuls et les pauvres- égalitarisme totalitaire : c'est pas juste que le bon élève n'aille pas à l'école le samedi alors que celui qui doit rattraper des lacunes s'y coltine deux heures le samedi matin- crachage dans la soupe ! On propose d'aider certains élèves en difficulté mais cela est reçu comme du mépris ! Darcos aurait donc bien fait de n'émettre aucune proposition en ce sens.Catherine Kinztler a été pour moi et demeure une référence pour ses écrits sur la laïcité et la République. J'ai également beaucoup d'admiration pour ses autres oeuvres philosophiques. Que vient donc faire un article aussi sectaire (du style de gôche PS de Gogolène et consorts) sur son blog ?Salutations, Virginie HermantAgrégée mathématiquesSecrétaire générale du SAGES (http://www.le-sages.org)Doctorante en philosophie
C
<br /> Chère collègue,<br /> <br /> Je dois vous avouer que j'ai lu l'article de Tristan Béal dans un sens différent  de celui que vous lui donnez.<br /> <br /> Il m'a semblé que ce texte, précisément, dénonce ironiquement ce que vous lui reprochez. Selon ma lecture, l'une de ses thèses est que la suppression du samedi matin produit et accuse la césure que<br /> vous dénoncez à juste titre - ceux qui sont dispensés d'étudier le samedi /ceux qui doivent en faire un peu plus grâce à l'aumône que leur jette l'école publique (suivez mon regard : les<br /> "nuls-pauvres"). Quant aux "nuls-riches", ils sont sans problème pris en charge par un ami professeur, une entreprise de cours particuliers, ou tout autre dispositif privé... qui les suivra<br /> éventuellement en weekend à Deauville ou ailleurs, entre deux sessions de golf ! L'auteur ne prend pas à son compte la césure qui vous choque : il s'évertue au contraire à montrer comment elle est<br /> subrepticement produite et cautionnée par cette mesure de "libération"...<br /> D'où la deuxième thèse de l'article : ce qui est ainsi signifié, c'est que les "riches" (ceux qu'on a exemptés d'heures supplémentaires - qu'ils soient ou non nuls) ont droit au loisir (studieux ou<br /> non) et que les autres sont priés d'en faire un peu plus. En outre on comprend au passage que ce loisir des "riches" n'est peut-être pas un vrai loisir mais qu'il est très probablement une<br /> aliénation - étant vous-même professeur, vous savez combien les lundis matins sont difficiles pour les élèves qui doivent récupérer du surmenage de leur weekend surchargé à Deauville ou ailleurs<br /> ... ! L'école le samedi pour tout le monde, dans sa superbe ignorance des weekends à Deauville ou ailleurs était tout de même à la fois plus démocratique, plus sereine et plus consciente de sa<br /> propre utilité pour tous, laquelle lui donne priorité sur le plus blingbling des weekends.<br /> <br /> Sans doute y a-t-il d'autres lectures du texte de Tristan Béal, mais je pense en tout état de cause que l'accusation de mauvaise foi ne lui convient pas. Car la mauvaise foi consisterait ici à<br /> prétendre adopter une position alors qu'on en défend secrètement une autre, et je ne vois pas un tel fonctionnement (thèse masquante / thèse masquée) dans ce texte.<br /> <br /> <br />
M
"Jamais un élève sera seul dans une classe avec son maître" (Tr. Béal, article mis en ligne le 3 septembre 2008). Corrigez vite, sinon, gare aux railleurs!Avec ma vive admiration pour votre blog,Vieux français en ligne, PercevalApproches par M. Plouzeau: cliquer sur Nouveau dans http://www.uottawa.ca/academic/arts/lfa 
M
<br /> Voilà, c'est corrigé, merci.<br /> Je donne votre lien sous forme cliquable : http://www.uottawa.ca/academic/arts/lfa<br /> <br /> <br />

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